Le succès relatif de la Loi Lemoine : + de changements de contrats mais + de pression des prêteurs
Malgré l’approche biaisée du CCSF, la loi Lemoine a rencontré un réel succès dès la mise en application de la résiliation à tout moment. Le rapport indique un bond de +80% de changements de contrats depuis 2021. Une recrudescence observée par le courtier Magnolia.fr, conjuguée à une nouvelle distribution de l’activité :
"En 2023, la substitution a représenté 90% de demandes de délégation, contre 70% en 2022, avant la loi Lemoine. Nous avons accompagné 50 000 emprunteurs et redistribué quelque 500 millions d’euros." explique Astrid Cousin, porte parole du Groupe Magnolia
Le marché de l’assurance de prêt pour les alternatifs est devenu un marché de substitution. Les emprunteurs baissent les bras face à la pression des banques et préfèrent souscrire à l’assurance du prêteur pour obtenir le financement. Chez Magnolia.fr, nous avons remarqué que le nombre de refus de délégation d’assurance en première intention a augmenté de 30%. Il est de plus en plus complexe de faire jouer la concurrence dès le départ. C’est aussi grâce à ce mécanisme qu’on a pu constater un léger bouleversement :
le CCSF indique que les parts de marché de la concurrence sont passées de 15,3% fin 2021 à 16,1% en 2023, ce qui ne peut être qualifié de renversement du marché.
Les données utilisées par le CCSF montrent par ailleurs un écart conséquent de 31% en 2022 et de 21% en 2023 (sur les 5 premiers mois) entre le nombre de demandes de substitutions reçues par les banques et celles réalisées par les alternatifs, sans que l’organisme ne donne d’explications sur les refus. Or, la loi est claire : la substitution est conditionnée à l’équivalence de garanties, une obligation que les alternatifs mettent un point d’honneur à respecter.
Quand la législation en vigueur ne fait toujours pas peur aux banques...
La loi Lemoine rappelle aux banques qu’elles doivent se conformer à un délai de 10 jours ouvrés pour formuler une réponse à une demande de substitution et rédiger l’avenant au contrat. Selon les termes du CCSF, ce délai représente « un défi », même s’il est inscrit dans la réglementation depuis 10 ans. Les pratiques dilatoires continuent dans certains établissements pour décourager les emprunteurs de changer de formule. En remettant en cause le délai inscrit dans la loi, le CCSF fait le jeu des banques plutôt que de protéger les emprunteurs.
D’autres enseignes veillent à ce que le contrat alternatif soit un produit interne à la banque. Même s’il est moins cher que le contrat groupe, celui-ci reste souvent moins économique que l’offre en délégation externe. Il sera d’autant plus compliqué ensuite pour l’emprunteur de changer de contrat alternatif pour un autre.
Autre pratique abusive, l’obligation de souscription à la garantie ITT (couvre les arrêts de travail) jusqu’au terme du crédit et non jusqu’à la cessation de l’activité professionnelle (retraite ou 65 ans au plus tard). Il en résulte une impossibilité pour ces contrats d’être substitués, l’équivalence de garanties ne pouvant être mise en œuvre par une offre alternative puisqu'il est impossible pour elle de couvrir un assuré avec une garantie dont il n’a aucunement besoin.
Non, la loi Lemoine n'a pas de public cible !
Le rapport du CCSF montre que 68% des emprunteurs ont fait des économies en changeant d’assurance, et ce, en dépit d’une méthodologie basée sur des écarts tarifaires moyens qui minimisent considérablement le gain effectif. Sans compter que les contrats alternatifs sont assortis d’un niveau de garanties supérieur, ce qui diminue l’économie estimée. Un nouveau biais de comparaison !
Selon le CCSF, pour les deux tiers des emprunteurs, l’économie est inférieure à 2 000€ pour un prêt de 200 000€ sur 20 ans. Chez Magnolia.fr, le gain moyen est de 10 000€ !
Le rapport précise également que la substitution profite aux meilleurs profils d’emprunteurs, les fameux CSP+. Les emprunteurs aisés seraient surreprésentés dans le portefeuille des alternatifs au regard de ceux existants dans les crédits accordés. Or, banques et alternatifs codifient différemment leurs critères CSP : les banques identifient 43% de CSP1 dans les délégations d’assurance quand les alternatifs en déclarent 69%, alors qu’il s’agit des mêmes assurés.
Contrairement à ce qu’affirme le CCSF, la loi Lemoine a permis d’élargir le marché de la substitution à de nouveaux profils. C’est une manière de décrédibiliser les alternatifs au profit des banques. Ces dernières n’hésitent pas organiser elles-mêmes la démutualisation des risques en empêchant les jeunes de partir pour laisser la délégation aux emprunteurs plus âgés. Nous le savons chez Magnolia.fr : la loi Lemoine profite à tous, quels que soient son profil et le montant du prêt.