Chez Magnolia.fr, nous avons constaté que le taux d’acceptation de délégation d’assurance de prêt (soit d'assurance de prêt concurrente à celle de la banque) sur les nouveaux crédits a chuté de + de 30% en un an. Cette baisse importante est principalement un effet direct de la loi Lemoine (juin 2022), vrai dispositif "pouvoir d'achat" qui permet aux emprunteurs de changer d'Assurance de Prêt à tout moment. Explications.
La Loi Lemoine : une perte d'un marché (très) juteux pour les banques
L’application de la loi Lemoine depuis le 1er juin 2022 a bouleversé le marché de l’assurance de prêt immobilier en autorisant le changement de contrat à tout moment, dès le mois suivant l'obtention du crédit. Les banques, qui étaient fermement opposées à ce dispositif, n'ont aujourd'hui pas d'autres choix que d'accepter de voir leurs clients partir à la concurrence après la souscription à leur crédit. Cette perte de part de marché n'est pas anodine puisque les marges pratiquées sur l'Assurance de Prêt (jusqu'à 80%!) leur permettent de compenser des crédits immobiliers très peu voire pas rémunérateurs. Pour rappel, le marché de l'Assurance de Prêt c'est 7 milliards d'euros de primes annuelles qui sont détenues à 85% par les banques... Les voir se battre pour conserveur leur main mise n'a rien d'étonnant.
Les banques font obstruction au principe de délégation au moment de l'octroi du prêt
Les banquiers appréhendant la fuite potentielle de leurs clients vers un assureur concurrent, resserrent de manière drastique la possibilité de s'équiper d'une assurance externe à leur offre au moment de l'octroi du prêt.
Face à des demandes de changement d’assurance qui ont explosé, comme chez Magnolia.fr où cette activité de délégation post-crédit a bondi de +300%, les banques mettent en place un certain nombre de manoeuvres dilatoires pour contrer l'effet de la loi.
Ainsi, de manière paradoxale, cette loi qui devait permettre au marché de s'ouvrir complètement à la concurrence a restreint le champ de possibilité des futurs emprunteurs qui aujourd'hui peinent grandement à profiter de leur droit de choisir une assurance bien moins chère que celle de leur banque au moment de l'octroi du prêt.
Dans un contexte où l’accès au prêt immobilier s’est considérablement durci, les emprunteurs préfèrent céder sur la mise en concurrence de l’assurance en première intention pour ne pas compromettre l’obtention du financement. Ils savent désormais qu’ils peuvent changer d’assurance de prêt dans la foulée et réduire ainsi très significativement le coût de leur crédit.
Un effet entonnoir déjà connu
À chaque tentative d’ouverture du marché à la concurrence, les banques font de la résistance. Nous l’avions constaté lors de la mise en œuvre de l’amendement Bourquin en janvier 2018, dispositif qui permettait de changer d’assurance de prêt à date d’échéance. Le taux de délégation d’assurance au moment du prêt avait alors chuté de 20%. A chaque fois que les banques ont peur de voir leurs clients s'échapper pour une offre concurrente, ils les retiennent dans un premier temps en imposant leur offre. Ce qu'ils perdent d'un côté, elles tentent de le rattraper de l'autre. Les banques continuent de mettre en pratique ce réflexe offensif, car les sanctions administratives inscrites dans la réglementation ne sont pas appliquées.
La bonne nouvelle est que la loi Lemoine rencontre un vif succès auprès des emprunteurs. Le taux de délégation d’assurance emprunteur va donc continuer sa progression malgré la mauvaise volonté des banques à accepter le nouveau cadre réglementaire. La tentative des banques de créer un effet entonnoir ne fait que reculer l'échéance : un emprunteur averti et motivé ira de toute façon chercher une meilleure offre ailleurs.