Sénateur depuis 2008, Martial Bourquin se consacre désormais pleinement à son mandat de maire. Il aura marqué l'histoire de la Chambre Haute par son engagement en faveur de l'industrie française. Le grand public le connaît mieux pour sa défense des emprunteurs : il est l'initiateur de l'amendement qui porte son nom, destiné à renforcer le libre choix de l'assurance de prêt immobilier.
Martial Bourquin, un élu apprécié et respecté
Le dernier représentant de la classe ouvrière au Sénat a quitté les bancs du Palais du Luxembourg le mercredi 10 juin 2020. En vertu du non-cumul des mandats, Martial Bourquin fait le choix du local au détriment du national. Il donne la préférence à son poste de maire d'Audincourt, commune du Doubs située à proximité de Montbéliard, où il entame son quatrième mandat après avoir été réélu lors du premier tour des élections municipales. Au-delà des clivages partisans, Martial Bourquin est salué par ses confrères sénateurs comme un homme engagé avec sincérité sur la défense et l'avenir industriel du pays. Il cède son siège à Marie-Noëlle Schoeller, sa suppléante au Sénat pour les quatre mois à venir.
Lors d'un hommage émouvant, le président Larcher a salué l'engagement de l'élu du Doubs, soulignant sa persévérance sur les questions industrielles et d'emploi. Celui qui travaillât sur les chaînes de montage dès ses 15 ans et qui fut syndicaliste dès 18 ans sur dérogation deviendra secrétaire permanent du PCF (Parti Communsite Français) avant d'en être exclu en 1979, comme 1 300 autres militants, pour s'être insurgé contre l'invasion soviétique en Afghanistan. Il reprend alors des études, obtient une licence et se lance en politique.
Conseiller régional de Franche-Comté, il est élu maire d'Audincourt en 1997, sous étiquette socialiste. Il s'emploie à transformer cette commune de 15 000 habitants, "lieu de passage de deux nationales" comme il la décrit lui-même. Son mandat d'élu local sera le révélateur d'un engagement profond au service de sa ville et du département du Doubs où l'industrie occupe une place essentielle. Élu au Sénat en 2008, réélu en 2014, il se fera connaître pour sa lutte contre la privatisation de La Poste et contre la fusion d'Alstom et General Electric. Plus récemment, il s'est vivement opposé à la privatisation d'Aéroports de Paris.
Martial Bourquin, héraut de la libre concurrence sur le marché de l'assurance emprunteur
Dans le domaine du crédit immobilier, l'ancien sénateur du Doubs laisse son nom à l'amendement qui facilite le changement d'assurance emprunteur. Son combat pour faire baisser le coût de l'assurance adossée à un emprunt immobilier sera de longue haleine et mais finalement couronné de succès avec l'adoption fin 2017 du texte instaurant un droit de substitution annuelle de l'assurance de prêt. Farouche adversaire des bancassureurs, qui détiennent un quasi monopole du marché de l'assurance emprunteur, Martial Bourquin a fait de la défense des consommateurs son cheval de bataille. Pour mémoire, les contrats groupe proposés par les banques sont margés à 50% voire 70%, et coûtent aux emprunteurs deux ou trois fois plus cher que les formules individuelles souscrites auprès des assureurs concurrents.
Depuis janvier 2018, tout emprunteur, quelle que soit l'antériorité de son crédit, peut, au-delà de la première échéance, résilier le contrat d'assurance en cours à la date d'anniversaire de l'offre de prêt pour le substituer par une offre choisie librement. L'acceptation de la banque d'une assurance déléguée est conditionnée à l'équivalence de niveau de garanties. Mais les entraves au libre choix de la part des établissements de crédit perdurent.
Introduite par la loi Lagarde en 2010 et renforcée en juillet 2014 par la loi Hamon, la délégation d'assurance de prêt n'a pas encore réussi à tenir toutes ses promesses. Les banques captent toujours près de 90% du marché de l'assurance de prêt, niant de fait le droit des emprunteurs à pouvoir souscrire une offre concurrente pour réduire le coût de leur prêt immobilier.
Amendement Bourquin 2 : rendre effectif le changement d'assurance emprunteur
Un des freins au changement d'assurance est d'ailleurs imputable à l'amendement Bourquin qui a omis de clarifier la date de résiliation. Raison pour laquelle Martial Bourquin, alors toujours sénateur, a tenu à renforcer son premier texte en imposant une date unique et commune pour pouvoir résilier, ne laissant aucune marge de manœuvre aux banques pour jouer sur cet élément. Il se double de sanctions à l'égard des banques qui ne respecteraient pas l'obligation annuelle d'information envers leurs clients quant à cette date butoir et les délais pour faire valoir leur droit à résiliation.
Adopté à l'unanimité en première lecture au Sénat le 23 octobre 2019, l'amendement Bourquin 2 a été inscrit au projet de loi d'accélération et de simplification de l'action publique (ASAP) en mars dernier, mais l'épidémie de Covid-19 a mis un coup d'arrêt aux travaux législatifs en cours. Martial Bourquin espérait que son texte visant à simplifier le changement d'assurance de prêt immobilier serait adopté avant son départ du Sénat. Le manque de visibilité sur le calendrier parlementaire ne permet pas aujourd'hui d'affirmer si le dernier texte de loi de Martial Bourquin sera examiné à la rentrée de septembre.