Chaque année, des milliers de litiges opposent assurés et assureurs au motif, notamment, que certaines clauses d'exclusion en assurance emprunteur manquent de précision. Dans son rapport d'activité 2021, la Médiation de l'Assurance pointe du doigt la pratique d'une formulation trop générale privant les assurés d'une indemnisation auxquelles ils ont droit. Sont concernées les maladies non objectivables, sujets répétés de cette imprécision.
Litiges en hausse en 2021
En 2021, La Médiation de l'Assurance (LMA) a reçu un nombre record de saisines, environ 20 000, contre 17 350 en 2020 qui affichait déjà une hausse de 18% sur un an. Dans 47% des cas, des solutions favorables à l'assuré ont été trouvées. Cet afflux témoigne le plus souvent de la difficulté qu'ont les assurés à comprendre leur contrat d'assurance. Il est vrai que la réglementation en matière d'assurance est réputée pour sa complexité.
Les principales sources de litiges sont :
- les assurances et mutuelles santé (24%)
- les contrats de prévoyance (23%)
- l'assurance vie (20%)
- l'assurance prêt immobilier (13%)
- l'assurance retraite (10%).
Quant aux motifs de litiges, leur origine est due en priorité au refus total ou partiel d'indemnisation (39%) et au traitement de la réclamation/gestion du contrat (36%).
La progression des saisines en 2021 s'explique également par l'entrée en vigueur de la loi de modernisation de la justice de 2019 qui impose un recours à la médiation ou à la conciliation pour les litiges inférieurs à 5 000€, soit une part significative des dossiers soumis à LMA. Il faut aussi reconnaître une meilleure connaissance du public du dispositif de médiation. Sans compter que, le recours à la médiation étant gratuit, certains usagers n'hésitent plus à faire appel à LMA, estimant que leur réclamation aurait pu être mieux traitée par le courtier ou l'assureur.
Le volume des demandes de médiation pourrait d'ailleurs prochainement augmenter avec la mise en place d'une procédure plus rapide de la saisine : aujourd'hui, un assuré ne peut se tourner vers LMA qu'après deux réponses négatives de l'assureur, dont celle du service de réclamations, ou deux mois de silence de l'assureur devant sa requête.
Clauses d'exclusion floues
Dans son rapport publié le 29 août dernier, LMA prévient qu'"il n'est pas acceptable que persistent aujourd'hui dans les contrats des clauses déclarées illégales (parfois de longue date) par la Cour de cassation". Les termes employés dans les conditions générales sont parfois imprécis, par exemple en assurance auto ou habitation où l'expression "défaut d'entretien" du véhicule ou du logement permet à l'assureur de justifier une exclusion de garantie et donc un refus d'indemnisation.
Le Code des Assurances impose aux prestataires de rédiger des clauses d'une part en caractères très apparents, et d'autre part formelles et limitées (article L.113-1 Code des assurances), des qualités qui font défaut à certains contrats d'assurance emprunteur. Les clauses d'exclusion ne doivent pas être sujettes à interprétation.
LMA cite l'exemple d'une clause excluant les affections psychiques, y compris les dépressions nerveuses, de la garantie ITT (Incapacité Temporaire Totale de Travail). Placé en arrêt de travail pour un état dépressif, l'assuré, couvert par un contrat groupe d’assurance crédit immobilier, s’est vu refuser l'indemnisation. La jurisprudence a estimé que l'expression "affections psychiques" sans aucune précision ne permettait pas à la clause d'exclusion d'être formelle et limitée : l'assuré ne peut connaître très exactement les cas dans lesquels il pourra ou non être couvert.
Autre exemple de clause imprécise, celle qui concerne les pathologies du dos. Une clause excluant "les incapacités et invalidités (...) résultant de lombalgie, (...) et autre mal de dos" n'est pas formelle et limitée dans son ensemble dès lors qu'une partie de cette clause ne l'est pas (autre mal de dos).
Les affections psychiques et psychiatriques, ainsi que les pathologies du dos, sont qualifiées en assurance emprunteur de maladies non objectivables et peuvent faire l'objet de rachat d'exclusion moyennant une surprime assurance emprunteur. Consultez notre guide assurance emprunteur pour tout connaître sur cette couverture indispensable dans le cadre d’un prêt immobilier.
LMA évoque également dans son rapport la mise en œuvre de la loi Lemoine le 1er juin 2022. La suppression du questionnaire de santé pour les prêts immobiliers inférieurs à 200 000€ par part assurée et arrivant à échéance avant les 60 ans de l'emprunteur bouleverse la pratique du marché qui reposait jusque-là sur la notion de risques. Nul doute que LMA aura à analyser les nouvelles exclusions ou questions que les assureurs poseront et posent déjà sur le comportement et les habitudes de vie des candidats à l'assurance emprunteur.