Le réforme de l'assurance de prêt immobilier est sur les rails. Dans quelques jours, le Parlement va définitivement adopter la loi Lemoine qui prévoit des améliorations essentielles pour l'accès à l'assurance et au crédit. Voici les trois mesures phares de ce texte : la résiliation à tout moment, la suppression partielle de la sélection médicale et le nouveau délai du droit à l'oubli.
Résilier son assurance quand on veut
Après moults rebondissements, la proposition de loi Lemoine 2022 pour un accès plus juste, plus simple et plus transparent au marché de l'assurance emprunteur est en passe d'être validée par le Parlement. Le texte sera examiné demain en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, puis au Sénat jeudi prochain. Députés et sénateurs ayant réussi à s'entendre en commission mixte paritaire le 3 février dernier, tout laisse à penser que cette réforme indispensable aux droits des emprunteurs sera enfin inscrite dans le marbre… sauf coup du sort.
Elle comprend trois avancées majeures, la première étant la résiliation à tout moment, le sujet qui a cristallisé les dissensions entre les parlementaires. Rejeté par le Sénat, le principe de résiliation sans date butoir est finalement retenu conformément à la proposition initiale de Patricia Lemoine, la députée à l'origine de cette future loi.
Aujourd'hui, tout emprunteur qui souhaite changer d'assurance emprunteur en couverture de son crédit immobilier doit s'appuyer sur une de ces deux dispositions, applicables en fonction de l'antériorité de son prêt :
- la loi Hamon : l'emprunteur peut résilier le contrat en cours à tout moment et sans frais, dans les 15 jours avant la date d'anniversaire de la signature de l'offre de prêt, dès lors que son crédit à moins de 12 mois.
- l'amendement Bourquin : au-delà de la première échéance, l'emprunteur peut changer de contrat d'assurance dans un délai de deux mois avant la date d'anniversaire.
La loi Lemoine va plus loin que la réglementation en vigueur pour les assurances auto, habitation et santé, qui permet de résilier à tout moment après une année d'engagement. À l'avenir, l'emprunteur pourra changer de contrat sans contrainte temporelle, quelle que soit la date de signature de l'offre de prêt.
Ce droit sera toujours subordonné à l'équivalence de niveau de garanties, une condition exigée par le prêteur pour accepter une assurance externe. Cette règle signifie que le nouveau contrat doit présenter a minima des garanties équivalentes à celles du contrat résilié, qui est, dans l’immense majorité des situations, la formule interne à la banque.
Si l'on se réfère au texte commun rédigé par les députés et les sénateurs, la résiliation à tout moment concernera les nouveaux contrats d'assurance de prêt immobilier à compter du 1er juin 2022, les contrats en cours y ayant accès un peu plus tard, le 1er septembre 2022.
Quel intérêt de pouvoir changer à tout moment ? Souvent contraint de souscrire à l'assurance du prêteur (manque d'information, priorité donnée au crédit, manque de temps), l'emprunteur ne sera plus soumis aux délais imposés par les dispositifs existants et pourra réduire significativement le coût de son assurance.
Le changement d'assurance est ainsi facilité et avec l'appui d'un courtier comme Magnolia.fr, la démarche est totalement prise en charge. Il suffit de comparer les offres en ligne pour sélectionner la formule la plus compétitive, conforme à l'exigence d'équivalence de garanties. À la clef, des économies importantes qui peuvent atteindre plus de 15 000€ sur la durée restante d'un crédit à l'habitat.
Fin du questionnaire de santé
Revendication récurrente d'associations de consommateurs et de malades, la suppression de la sélection médicale va devenir réalité si la loi Lemoine est votée.
La souscription à l'assurance de prêt est conditionnée aux renseignements fournis par le candidat dans le questionnaire de santé. En fonction des antécédents de santé, de l'état actuel et des autres éléments demandés dans le formulaire (âge, taille, poids, profession, pratiques à risques comme tabagisme et sport dangereux), l'assureur va évaluer les risques incarnés par le client et apporter une réponse :
- une couverture aux conditions standard ;
- une couverture avec surprime ou exclusion de garantie ;
- un refus d’assurance.
L'historique de santé est le premier facteur de risques motivant un refus d'assurance, au mieux une surtarification qui peut s'avérer rédhibitoire et empêcher le demandeur d' accéder à l'assurance et donc au crédit immobilier. S'il n'a plus à renseigner l'assureur sur sa santé, la voie est largement ouverte.
Pour échapper prochainement au questionnaire médical, il faudra remplir les deux conditions suivantes :
- emprunter moins de 200 000€, ou moins de 400 000€ en présence de 2 emprunteurs avec une quotité assurée de moins de 200 000€ sur chaque tête ;
- rembourser l'emprunt avant 60 ans.
Les conditions sont restrictives, mais le législateur souhaite faciliter l'accès à la propriété des plus jeunes, ceux qui sont âgés de moins de 35 ans, tout en limitant la prise de risques pour les banques et les assureurs. Pour rappel, le régulateur impose une durée de remboursement maximale de 25 ans (27 ans pour les achats sur plan ou avec de lourds travaux de rénovation). Selon les projections des professionnels, la moitié des emprunteurs devraient profiter de ce dispositif.
Délai raccourci du droit à l'oubli
En place depuis 2016, le droit à l'oubli autorise toute personne guérie d'un cancer depuis un certain nombre d'années de passer sous silence son ancienne maladie dans le questionnaire de santé à remplir lors d'une demande de souscription à l'assurance de prêt. Une fois passés 10 ans après la fin du protocole thérapeutique et sans rechute (5 ans pour les cancers diagnostiqués avant 21 ans), l'emprunteur n'a pas à déclarer son cancer et échappe ainsi à la double peine qui frappe les malades mais aussi les anciens malades.
Là encore, les associations de malades militent depuis des années pour réduire le délai d'accès au droit à l'oubli. Il n'y a pas plus grande injustice que la maladie, et 10 ans, c'est trop long quand il s'agit de mener le projet d'une vie qu'est pour beaucoup l'achat de son logement. Les données médicales montrent qu'il était tout à fait possible d’écourter ce délai. Dans un premier temps, le législateur avait laissé la décision de l'abaissement du délai au dispositif conventionnel Aeras, avant de l'inscrire dans la proposition de loi Lemoine.
Le délai pour bénéficier du droit à l'oubli sera donc raccourci de 10 à 5 ans, ce qui va changer les perspectives pour des milliers de personnes guéries d'un cancer.