Les taux d'intérêts des crédits immobiliers ont opéré une remontée en avril dernier en plein confinement. Alors que le mois de juin se termine, les valeurs jouent le statu quo et offrent des conditions d'emprunt toujours propices à l'achat d'un logement. Il faut pourtant composer avec les règles d’octroi imposées depuis janvier 2020, d’autant plus rigoureusement appliquées qu’une crise économique sans équivalent frappe le pays.
Des taux maîtrisés
Selon les derniers relevés des courtiers, le taux d'emprunt sur la durée classique de 20 ans se situe en moyenne autour de 1,30% (hors assurance de prêt et coûts des sûretés). Les meilleurs profils peuvent décrocher une décote et faire chuter le taux à 1%, rarement en-deçà. Sur 25 ans, le taux du marché avoisine 1,70% pour une valeur moyenne autour de 1,50%.
Le mouvement haussier observé depuis début avril dernier s'interrompt pour laisser place à une relative stabilité sur toutes les durées. Entre avril et fin juin, les taux bruts ont donc augmenté de 20 à 30 points, la hausse étant concentrée sur les mois d'avril et de mai.
Les taux restent donc sous la barre des 2%, la hausse entamée en avril ayant concerné avant tout les excellents dossiers, qui passaient sous 1% en 2019 et qui obtiennent aujourd'hui des valeurs juste au-dessus de ce seuil.
La remontée opérée ces dernières semaines laissait craindre une tendance durable. Les marchés financiers sont chahutés par une crise sans précédent, consécutive à l'épidémie de Covid-19.
Les États se sont lourdement endettés pour répondre efficacement à la crise sanitaire et soutenir l’économie vaille que vaille. Le coût de l'argent reste très bas grâce à la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne, mais le curseur du risque est monté d'un cran pour les banques, notamment sur la dette immobilière des particuliers.
Ceci explique les hausses des taux d'emprunt durant le confinement. Il est normal qu'aujourd'hui ils se détendent en vertu d'une concurrence interbancaire de nouveau sur les rails pour faire redémarrer le marché immobilier.
Attention aux nouvelles règles d'emprunt
L'arrêt du mouvement est une bonne nouvelle pour les emprunteurs qui continuent de bénéficier de taux performants. Ces derniers restent très bas par rapport à ce qu'ils étaient il y a encore peu. Selon le baromètre mensuel de l'Observatoire Crédit Immobilier, qui se base sur les taux distribués durant le mois concerné, le taux moyen toutes durées confondues titrait 1,25% en mai dernier contre 1,18% en avril, mieux en revanche que mai 2019 (1,29%).
Pendant de longs mois, le taux moyen s'est tenu sous l'inflation, jusqu'à atteindre son point bas historique en octobre dernier (1,12%). L'augmentation constatée chaque mois au cours du premier trimestre témoigne de la montée des risques pour les organismes financiers et de l'incertitude qui pèse sur les évolutions à venir.
Si les candidats à l'emprunt peuvent s'endetter à moindres coûts grâce à des taux toujours faibles, ils sont désormais confrontés à des conditions d'emprunt plus drastiques. Ils se heurtent actuellement à l'extrême vigilance des banques, déjà forte avant l'épidémie avec l'application stricte des règles édictées par le Haut Conseil de Stabilité Financière en décembre 2019, mais renforcée depuis en raison de la menace qui pèse sur l'emploi.
Les profils qui évoluent professionnellement dans des secteurs sinistrés comme le tourisme, l'aérien ou l'hôtellerie-restauration peuvent être ostracisés par certains établissements de crédit. En dépit de leur solvabilité, et du respect de la double limite de l'endettement à 33% et de la durée de remboursement à 25 ans, ces profils peuvent avoir du mal à obtenir un financement.