En dépit d'une crise sanitaire et économique installée depuis mars 2020, les Français manifestent toujours plus leur confiance dans la pierre. Près d'un tiers des ménages détenaient au moins un crédit immobilier en 2020, un niveau record sur les vingt dernières années. En revanche, le recours aux crédits à la consommation s'est nettement infléchi, descendant à son niveau le plus bas depuis 1989.
Moins de crédits à la consommation en 2020
Selon le 33ème rapport annuel de l'Observatoire des crédits aux ménages, le taux de détention des crédits par les ménages français, tous types de financements confondus, a diminué en 2020 pour s'établir à 46,5%, soit un des niveaux les plus bas depuis 1989, équivalent à celui des années 2014 et 2015, et à 0,1 point de 2016 (46,4%).
Le contexte sanitaire et économique a sans surprise pesé sur la distribution des financements aux ménages, en particulier sur le crédit à la consommation sur les lieux de vente (auprès du vendeur ou usage de cartes dans les grandes enseignes), entravé par les deux confinements. Si le crédit conso obtenu auprès d'une banque ou d'un organisme de crédit a bien résisté en 2020, le taux de détention global recule à 24,9% (contre 26,5% en 2019), le niveau le plus faible depuis 2001.
Comme les années précédentes, le crédit à la consommation sert avant tout à financer des projets d'équipement (auto, moto, biens pour la maison, travaux d'amélioration du logement), avant les dépenses courantes. Le renforcement de la protection des consommateurs en matière de crédit renouvelable continue d’avoir un impact sur la production de ce type d'emprunt.
Taux de détention de crédit immobilier élevé malgré la crise
La surprise viendrait-elle du côté du crédit immobilier ? La part de ménages détenteurs d'un prêt à l'habitat était de 31,4% en 2020, soit un niveau équivalent aux années 2012 et 2018, le seuil le plus élevé depuis 2001. 24,2% des ménages étaient des primo-accédants de leur résidence principale, le plus haut niveau depuis vingt ans.
Le taux de détention d'un crédit immobilier le plus faible a été établi en 2003 (28,5%) et c'est à partir de 2010 que la part des ménages détenteurs d'un prêt immobilier surpasse celle des ménages qui remboursent un crédit à la consommation. Une bascule qui s'explique assez logiquement par la mise en place progressive, à compter de juillet 2010, des décrets issus de la loi Lagarde portant sur la réforme du crédit à la consommation.
Faut-il s'étonner de la performance du crédit immobilier en cette période de crise sanitaire et économique ? La pierre est une affaire de long terme, et même si la demande de financements immobiliers s'est contractée en 2020, en partie en raison des nouvelles conditions d'octroi, il était peu probable que le nombre de ménages remboursant un prêt à l'habitat régresse de manière significative.
Un marché immobilier qui résiste
Ces chiffres nous enseignent une nouvelle fois que la pierre conforte sa qualité de valeur refuge. Malgré la pire situation économique depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les transactions ont pu être menées à un rythme plutôt soutenu. Selon la dernière note de conjoncture des Notaires de France, le volume, d'un mois à l'autre, est toujours resté autour du million de ventes immobilières dans l'ancien sur un an. En octobre dernier, il a même franchi ce seuil symbolique pour culminer à 1 020 000 transactions, marquant une perte de vitesse de seulement 4% par rapport à novembre 2019.
L'année 2021 risque pourtant de faire les frais d'une récession économique persistante. Selon l'Observatoire des crédits aux ménages, les intentions de souscription à de nouveaux crédits, immobiliers comme à la consommation, se dégradent et témoignent des inquiétudes des ménages quant à leur stabilité financière et aux projets qu'elle induit à moyen ou long terme.