Les Français ont accumulé près de 1 400 milliards d'euros de dettes sous forme de crédits immobiliers ou à la consommation, un niveau jamais atteint. La machine du crédit tourne à plein régime, en premier lieu les prêts à l'habitat qui totalisent plus de 80% des sommes empruntées. Des chiffres qui vont alimenter la volonté des autorités financières de mieux encadrer la distribution du crédit.
Un endettement record
Selon les données de la Fédération Bancaire Française (FBF) publiées mercredi 12 juin, à fin avril 2021, les ménages français sont endettés à hauteur de 1 376 milliards d'euros. En moins de quinze ans, l'endettement des Français est passé de 800 milliards d'euros à cette somme vertigineuse qui tient lieu de record. Sur un an, la croissance est estimée à 5,3%, tous crédits confondus, contre +4,5% par rapport au mois précédent.
46,5% des ménages français détenaient un crédit en 2020.
L'engouement pour le crédit concerne avant tout l'emprunt immobilier. L'encours brut a atteint 1 156 milliards d'euros en avril 2020, soit une progression de près de 6% sur un an. Actuellement, près de 32% des Français sont détenteurs d'un crédit à l'habitat, que le financement permette l'achat de la résidence principale, d'une résidence secondaire ou d'un bien locatif. Avec 189 milliards d'€ d'encours, le crédit à la consommation gagne du terrain lui aussi avec une augmentation de 3,3% sur douze mois et concerne près de 25% de foyers.
La FBF explique que cette augmentation du rythme de croissance des crédits est liée au contexte sanitaire. L'an passé en avril 2020, la production de nouveaux crédits avait été ralentie en raison du confinement, un frein davantage sensible sur les prêts à la consommation que sur les prêts à l'habitat, les banques ayant continué à gérer les demandes de financement pour les opérations initiées antérieurement.
Le dynamisme du crédit immobilier
Depuis le début de l'année 2021, les établissements financiers ont accordé une moyenne de 24 milliards d'€ chaque mois, dont près de 20 milliards en crédits à l'habitat (hors renégociations). Les Français se ruent sur la pierre, encouragés par les taux d'intérêts au plancher. Selon l'Observatoire Crédit Logement, le taux moyen toutes durées confondues titrait 1,07% en avril 2021 (hors assurance et coût des sûretés), soit le plus bas niveau jamais enregistré. En mai, le niveau reste le même et traduit la volonté des banques de soutenir le crédit immobilier.
Sans remonter trop loin dans l'historique, fin 2015, les Français s'endettaient autour de 2,25% pour financer un projet immobilier, soit un taux moyen plus de deux fois supérieur à celui d'aujourd'hui. La chute très nette enclenchée durant l'année 2016 a laissé place à un mouvement baissier plus doux, qui s'est très légèrement redressé au cours du printemps 2020 avec la crise sanitaire et économique. La descente s'est de nouveau amorcée en mai 2020. Le taux moyen a perdu 20 points depuis juin 2020, et 31 depuis décembre 2016.
Un durcissement de l'octroi des crédits immobiliers
De l'avis des courtiers, il est peu probable que les taux d'emprunt aillent plus bas. Beaucoup anticipent même une remontée après l'été à la faveur de la hausse de l’inflation et de celle du taux d’emprunt d’État sur 10 ans (OAT 10 ans). Dans l'intervalle, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) aura sans doute opéré un durcissement des conditions d'octroi des prêts immobiliers aux particuliers.
Demain se tiendra une réunion du HCSF visant les modalités d'encadrement des crédits à l'habitat dans l'objectif de prévenir un éventuel laxisme des banques. Les règles édictées en janvier 2020, légèrement assouplies en janvier 2021, pourraient s'opposer aux banques via une loi. L'objectif est d'imposer sans alternative la double limitation du taux d'endettement à 35% des revenus nets de l'emprunteur et de la durée de remboursement à 25 ans (27 ans en cas d'achat en VEFA). Certains établissements ont pu s’affranchir de ces consignes en octroyant des prêts avec un taux d’effort au-delà de la limite conseillée.
En juillet prochain, les banques seront donc légalement soumises aux règles d'octroi du crédit immobilier, ce qui pourrait gripper un marché hyper dynamique, porté notamment par l'achat des maisons.