C'est un des effets collatéraux de la crise sanitaire : le prix des loyers a reculé dans la capitale, en raison notamment du départ de nombreux étudiants et de l'absence des touristes étrangers. L'offre grossit et les propriétaires bailleurs hésitent entre baisser le loyer et laisser le logement vacant, avec, à la clef, des difficultés à rembourser les charges et les mensualités de leur crédit.
La location meublée à la peine
L'épidémie de Covid-19 et les confinements répétés ont bousculé le marché locatif dans la capitale où la tension change de camp. Les propriétaires bailleurs sont en quête de locataires après le départ massif des étudiants, partis rejoindre leur famille ou des proches, économisant ainsi le montant d’un loyer souvent élevé pour travailler à distance. D'autant que la crise les prive de petits boulots pour financer une partie de leurs frais d'études ou pour arrondir les fins de mois.
Selon une récente enquête de Locservice, plateforme de location entre particuliers, les prix des loyers parisiens pour les studios, qui représentent l'essentiel des logements loués par la population estudiantine, enregistrent une baisse de -2% entre l'été 2020 et mars 2021, un phénomène exceptionnel pour la capitale où l'offre a toujours été largement inférieure à la demande. Actuellement, le loyer moyen d'un studio parisien est de 867€ par mois contre 876€ en janvier dernier et 885€ à l'été 2020.
Un déséquilibre entre l'offre et la demande sur la location
Les étudiants désertent la capitale, également les actifs, poussés extra-muros par les possibilités offertes par le télétravail. Les loyers pratiqués à Paris étant les plus élevés de la métropole, le travail à distance autorise dorénavant de résider dans des zones où les loyers sont plus abordables. Conséquence : le ratio de candidats par location est tombé à 1,97 entre janvier et mars 2021, contre une moyenne de 2,67 durant l'année 2020. En comparaison, 2019 faisait figure d'année faste pour les bailleurs avec 5,61 candidats par offre.
Les locataires ont donc la main et prennent leur temps pour choisir leur logement. Chez Imodirect, agence de location immobilière en ligne, avant la crise sanitaire, près de la moitié des logements meublés était louée comme pied-à-terre à des cadres. Actuellement, pour trouver preneur, un bailleur doit baisser ses prétentions et proposer un loyer inférieur au plafond fixé par l'encadrement légal. Il y a un an, une annonce était retirée après une demi-journée, aujourd'hui, seule une baisse significative du loyer permet d'appâter le chaland. Même constat chez Book-A-Flat, plateforme spécialisée dans la location haut de gamme : l'offre d'appartements meublés a bondi de 60% en un an, excédant largement la demande.
Pas de touristes pour les locations Airbnb
La demande locative est aussi sinistrée par l'absence de touristes. Alléchés par la rentabilité des locations touristiques dans la capitale, de nombreux propriétaires sont désormais obligés de se tourner vers le marché classique de longue durée. Ce qui semblait un investissement plutôt sûr est devenu pour beaucoup un problème financier, alors que les mensualités du crédit continuent de tomber. Les locations meublées de type Airbnb passent sur des baux traditionnels pour éviter aux propriétaires pris à la gorge par leur prêt immobilier de devoir vendre leur bien. L’arrivée massive de ces logements meublés entraîne inévitablement une chute des loyers.
Selon la plateforme locative Bernie, il est préférable de baisser le loyer de quelques dizaines d'euros plutôt que de subir une vacance locative. Sans pour autant louer à tout prix ni prendre de risque sur le profil du locataire, un effort commercial vaut mieux qu'un manque à gagner sur une trop longue durée qui peut mener, en toute dernière extrémité, à la revente à perte du logement.