La généralisation du télétravail durant la récente période de confinement a permis de mettre en avant les avantages de cette méthode de fonctionnement. Le gouvernement encourage d'ailleurs les entreprises à privilégier le télétravail dès que possible et a mis en ligne un guide* pour aider chacun, salariés comme employeurs, dans cette organisation du travail. Il est encore tôt pour miser sur une évolution durable du télétavail. On peut raisonnablement anticiper une demande accrue du travail à distance sur quelques journées et non à temps plein. Au-delà des changements évidents pour la vie professionnelle et familiale, le télétravail aura des conséquences sur le marché de l'immobilier.
La recherche d'un logement adapté
Les Français confinés ont mesuré l'importance de leur logement au quotidien, surtout ceux qui pouvaient continuer de travailler à distance. Le bureau est devenu la pièce phare de cette période vécue parfois difficilement, quand s'isoler pour travailler s'avérait impossible. Le télétravail leur a également fait prendre conscience qu'il était possible de s'éloigner pour gagner en espace et en verdure, d'économiser sur les frais de transport et d'améliorer sa qualité de vie. Les recherches de maisons avec jardin ne cessent d'alimenter les sites d'annonces immobilières, également celles de logements plus spacieux, dotés d'un espace extérieur.
En quittant les centres urbains pour s'installer en périphérie ou à moins d'une heure de son lieu de travail, on peut, pour un même budget, acheter un logement avec un pièce en plus. Bon nombre de locataires parisiens envisagent d'acquérir en banlieue. Les prix dans la capitale ne permettent pas d'avoir une surface suffisante (en moyenne 10 500€/m2). En misant sur les communes limitrophes de la Petite ou Grande Couronne, on peut acquérir un logement à moins de 3 000€/m2, notamment en Seine-et-Marne, Val d'Oise et Essonne.
L'achat d'une résidence secondaire
Les plus aisés pourront envisager un autre lieu pour l'exercice de leur télétravail : une résidence secondaire. On garde le domicile principal où il est possible de travailler à distance, mais on consacre davantage son temps au logement habituellement consacré aux weekends et aux vacances, et désormais choisi pour s'adapter aux nouvelles contraintes professionnelles. Le marché des résidences secondaires devrait profiter des expériences frustrantes du confinement dans les grandes villes. Green-Acres.com, le site de référence de l'immobilier secondaire, constate un véritable boom des demandes sur ce segment : le nombre de contacts par annonce est en hausse de près de 50% par rapport à l'an passé.
Le télétravail pourrait prendre de plus en plus de place dans la vie professionnelle et changer les comportements d'achat immobilier. Le marché de la résidence secondaire, surtout à moins de deux heures de Paris, devrait retrouver un regain d'intérêt, d'autant que les taux d'emprunt se maintiennent à des nouveaux bas. Les résidences secondaires représentent actuellement 10% des logements. Le besoin d'espace et de calme exacerbé par le confinement va sans doute porter ce type d'achat à l'avenir.
Le problème de l'immobilier bureaux
Le marché des bureaux est lui aussi confronté à la crise du Covid-19. L'émergence soudaine du télétravail change la donne. Les entreprises vont probablement envisager la diminution des surfaces de bureaux et pour certaines, s'orienter vers des espaces externes qui peuvent s'adapter aux besoins évolutifs. Sans parler de mort de l'open space, les espaces de travail dans les bureaux vont inévitablement évoluer par peur des salariés de travailler dans des lieux ouverts sans séparation. En quelques années, le taux d'occupation des salariés à leur poste a diminué grâce aux outils digitaux. Il est à parier que le développement du télétravail post-confinement va accélérer cette mutation sans pour autant remettre en cause la pertinence des immeubles de bureaux.
La question des investissements en SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) va se poser. Si les locataires des immeubles en SCPI optent en masse pour le télétravail, la demande de bureaux va chuter, et avec elle, le prix des loyers et des biens immobiliers.
Selon une enquête réalisée par Malakoff Médéric début 2019, 57% des salariés télétravaillent au moins un jour par semaine, et pour 47% depuis leur domicile, avec une pièce aménagée à cet effet pour la moitié d'entre eux. Une étude Fujitsu a prédit que 50% de la population active pourrait être concernée par le télétravail à l'horizon 2025, une estimation faite avant le confinement.
*https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/qr-teletravail-deconfinement.pdf