Le marché de l'immobilier ancien fait la une des médias avec un nombre de transactions inégalé, à 1,13 millions de logements vendus sur un an au 31 mai 2021 selon les notaires. Le secteur du neuf, source d'inquiétudes des professionnels depuis le début de la crise sanitaire, n'est pas en reste, en témoignent les bons chiffres qui créent une heureuse surprise. Les Français achètent ou investissent dans le neuf, sans pour autant que les niveaux d'avant-crise soient atteints, sauf pour les maisons individuelles où les ventes explosent.
Des chiffres en trompe-l'œil
Selon la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI), les chiffres de l'immobilier neuf au deuxième trimestre 2021 affichent une hausse de 27,2% du nombre de logements vendus par rapport au T2 2020. Un rebond spectaculaire qu'il convient de relativiser, car le marché part de loin.
En 2020, l'activité sur ce segment avait chuté de 14,1% par rapport à la même période en 2019. Le secteur n'a donc pas renoué avec le niveau d'avant les élections municipales et l'épidémie de Covid-19 qui avait mis l'économie à genoux. Entre le T2 2019 et le T2 2021, le total des ventes au détail, particuliers investisseurs et accédants confondus, perd 17,2%.
La demande est bien au rendez-vous, les clients sont là et les programmes se vendent bien, mais le marché n'a pas retrouvé les volumes avant 2020, car il manque de logements à vendre. Les raisons de cette pénurie de logements neufs sont toujours les mêmes, l'offre reste trop contrainte. La crise actuelle n'a pas fait bouger les lignes, les mêmes maux engendrent les mêmes effets :
- trop peu de permis de construire accordés
- trop de recours
- trop de normes de construction.
Le nombre de mises en vente a reculé d'un quart par rapport au T2 2019. Il manquerait 30 000 logements neufs pour égaler le niveau de 2018. 35 000 logements collectifs sont en projet, soit 20 000 unités de moins qu'à la même époque en 2019.
Le gouvernement a pris la mesure de cette chute de l'offre en confiant en juin dernier à François Rebsamen, maire de Dijon et ancien ministre de François Hollande, la présidence de la commission nationale de relance de la construction. La FPI, qui est un des membres de cette commission, espère que des mesures tangibles en résulteront. Le travail consiste à :
- étudier et objectiver les freins à la construction de logements
- interroger le droit de l'urbanisme et les dispositifs concourant à la libération du foncier
- sortir de la logique de renégociation des droits à construire
- recenser les freins réglementaires.
L'habitat collectif en zone tendue reste un réel problème, marché le plus compatible avec le principe de densification et l'atteinte de l'objectif de zéro artificialisation nette. Il faut redonner envie aux Français de vivre dans du collectif, mission compliquée en cette période où les ménages aspirent à plus d'espace et de verdure.
Le marché des maisons en plein boom
On en vient logiquement aux maisons individuelles, secteur qui dépasse toutes les espérances. Les ventes et les délivrances de permis de construire pour les maisons, se sont très nettement redressées en 2021, surpassant même les niveaux d'avant-crise sanitaire.
Selon la dernière note de conjoncture de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) présentée début septembre, les ventes de maisons individuelles ont bondi de 16,3% entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2021. Dans le même temps, le nombre de permis de construire délivrés s'inscrit lui aussi dans une dynamique similaire avec une progression de 18,3%.
L'année 2021 affichera de meilleures performances qu'escomptées pour la construction de maisons individuelles, en contraste avec les chiffres de la construction d'appartements. La FFB enregistre une chute de 7,3% des ventes et de près de 7% des permis sur ce segment. Seules les mises en chantier de logements collectifs augmentent de 3,5% en comparaison avec le début de l'année 2019, qui correspond toutefois à un report des chantiers bloqués en 2020.
La maison individuelle, neuve a fortiori, fait rêver les Français à la faveur d'une crise qui a recentré les priorités des ménages sur leur habitat, et ce, malgré des prix en hausse. Les professionnels incriminent la rareté du foncier, qui induit sa cherté, la problématique de non-artificialisation des sols, inscrite dans le plan de relance, et la pénurie de matériaux de construction qui alimentent l'inflation et engendrent des surcoûts. Les devis des maisons neuves auraient ainsi augmenté entre 5,5% et 7,5%.