Les arnaques aux faux crédits immobiliers et aux faux placements sont en recrudescence. À tel point que les courtiers en appellent au ministre de l’Économie Bruno Le Maire afin d’agir au plus vite pour renforcer la protection des consommateurs. Magnolia.fr vous explique comment se prémunir contre le genre d’escroqueries qui pullulent sur le net.
Hausse des crédits immobiliers frauduleux
Notre rédaction s’en faisait déjà l’écho en novembre dernier. Depuis plusieurs mois, de faux courtiers en crédit immobilier sévissent sur le net et escroquent des particuliers à la recherche d’un financement. Plusieurs dizaines de milliers de ménages ont déjà été piégés, et plus d’un milliard d’euros aurait déjà été détourné.
Les vrais intermédiaires en crédit observent une recrudescence de ce type de fraude. À l’automne 2023, la Chambre nationale des conseils experts financiers (CNCEF), une des six associations professionnelles de courtiers, avait déjà alerté les pouvoirs publics de ce phénomène croissant, courant en temps de crise. L’accès au crédit s’étant considérablement resserré face à la remontée des taux dans un contexte d’hyper rigidité des normes d’octroi, les fraudeurs jouent sur la crédulité de certains candidats à l’emprunt, désespérés de ne pas obtenir le financement de leur projet immobilier.
Les courtiers demandent aux autorités financières, le ministère de l’Économie ainsi que l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution), de mettre en place sans tarder de nouveaux outils de protection des consommateurs.
Modus operandi des escrocs en faux crédits immobiliers
Le mode opératoire est souvent le même. L’escroc usurpe l’identité d’un vrai courtier ou d’un conseiller bancaire, utilisant des noms de domaine très ressemblants ou une adresse mail proche de celle de la personne usurpée, et, sous couvert d’un discours professionnel bien rodé, convainc le malheureux emprunteur. Cela s’appelle le spoofing, technique qui consiste à usurper l’identité électronique pour commettre des délits sur internet.
L’arnaqueur peut aussi sévir sur les réseaux sociaux ou appeler le candidat à l’emprunt pour lui demander des justificatifs comme le ferait un vrai professionnel. La victime appâtée est informée que la banque a bien accepté sa demande de prêt, et qu’elle doit verser des frais de courtage et de dossier pour finaliser l’opération. Le journal La Voix du Nord rapporte l’histoire d’un couple qui s’est fait escroquer 26 000€ par un prétendu conseiller de la banque en ligne Hello bank !.
Repérer une arnaque au faux crédit
La réglementation interdit aux courtiers de réclamer des commissions ou frais de courtage avant le déblocage des fonds (article L.321-2 du code de la consommation). Nul n’est censé ignorer la loi, une maxime bien évidemment théorique face aux quelque 320 000 textes législatifs et réglementaires en vigueur en France. D’autant qu’on peut aisément croire quelqu’un qui demande une rémunération pour un travail prétendument effectué.
Voici nos autres conseils pour éviter les arnaques au faux courtier en crédit immobilier :
- Fuir les offres trop alléchantes : ne donnez aucun crédit (le jeu de mot est facile) à quelqu’un qui vous fait miroiter un taux très éloigné des valeurs du marché. Aucune banque ne propose de crédits immobiliers à 2% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés), ni même 3%, sur une durée de 20 ans. S’il est actuellement possible de s’endetter sous les 4%, la moyenne est légèrement au-dessus de cette barre.
- Vérifier l’agrément du courtier : pour exercer en toute légalité, le courtier doit être enregistré à l’Orias, le registre national unique des intermédiaires en banque, finance et assurance. Tout courtier en crédit dûment inscrit à l’Orias est identifié par un numéro à 8 chiffres qu’il doit mentionner sur tous les documents et supports commerciaux et professionnels le concernant (carte de visite, site en ligne, mandat, etc.).
La réglementation en matière de courtage s’est durcie depuis avril 2022 conformément à une directive européenne. Tout courtier doit adhérer à une association professionnelle parmi la liste de 6 organismes reconnus par l’ACPR.
Pensez à consulter la liste noire de l’ACPR si vous avez un doute sur l’identité du courtier. Cette liste contient plus de 7 000 entités ou sites frauduleux. Si l’acteur que vous cherchez n’y figure pas, cela ne signifie pas pour autant qu’il est autorisé à proposer des services ou produits bancaires, des contrats d’assurance ou des produits financiers.