L'année 2020 restera marquée par une crise sanitaire et économique sans précédent qui aura bouleversé tous les secteurs d'activité et les habitudes de consommation. Le marché de l'immobilier n'y échappe pas. Le confinement a modifié le rapport des Français à leur logement, et la tendance subodorée en mai dernier semble bien s'imposer : les acheteurs potentiels préfèrent les biens situés en périphérie des grandes villes ou dans les zones urbaines, au détriment des centres-villes.
Une demande immobilière en nette hausse
Étouffé par les deux mois de confinement, le marché immobilier est reparti de plus belle dès la mi-mai. L'engouement des Français pour la pierre avait atteint son acmé en 2019. Avec plus d'un million de transactions dans l'ancien, l'activité avait explosé les compteurs grâce à des conditions d'emprunt hyper favorables. Si les records de l'an passé ne seront jamais égalés pour des raisons évidentes, les ménages expriment avec la plus grande ferveur leur appétit pour la pierre depuis la sortie du confinement.
PAP, le numéro 1 de l'immobilier entre particuliers, a enregistré au mois d'août dernier 46% de recherches immobilières supplémentaires par rapport à août 2019. Un sursaut inhabituel puisque d'un été sur l'autre les chiffres sont relativement stables. Selon Corinne Jolly, la présidente du groupe, les citadins ont plus que jamais le désir de s'installer hors des grands centres urbains, d'oublier leur appartement exigu pour emménager dans un logement plus spacieux avec accès extérieur. La faute au confinement qui a confronté les foyers à une réalité parfois douloureuse quand l’habitat n'est pas adapté aux nouvelles contraintes (télétravail, enseignement à distance). Le logement est devenu prioritaire pour assurer le bien-être de la famille.
Une forte envie de maison
Cet appétit pour l'immobilier se traduit par une demande accrue de biens plus grands, avec terrasse ou jardin, forcément éloignés des centres-villes en raison de leur cherté et/ou de leur rareté en ce qui concerne les maisons. Cette tendance est particulièrement visible en Île-de-France où PAP a observé en août une hausse de fréquentation de 60% sur son site par rapport à l'an dernier. Les recherches portent essentiellement sur la Seine-et-Marne où les recherches ont bondi de 118% ! Les autres départements de la Grande Couronne ont aussi les faveurs des internautes : +75% de recherches dans les Yvelines, +73% en Essonne, et +66% dans le Val d'Oise. Le phénomène est également remarquable en Petite Couronne, dans des proportions moindres : +29% pour les Hauts-de-Seine, +32% pour le Val de Marne et +37% pour la Seine-Saint-Denis. La désaffection pour Paris reste relative, avec -5% de recherches immobilières par rapport à l'été dernier.
Hors zone francilienne, la recherche est aussi très active. Les internautes s'intéressent de manière appuyée à l'Oise (+78%), au Loiret (+82%), à l'Yonne (+88%) et à l'Eure (+102%), des départements à une heure de Paris par le train. C'est pourtant l'Ain qui enregistre la plus forte hausse des recherches en août 2020 comparativement à août 2019 : limitrophe de la métropole lyonnaise, ce département de la région Auvergne-Rhône-Alpes a fait l'objet de 163% de recherches additionnelles. Il est suivi du Pas-de-Calais (+153%), de l'Isère (+151%), de la Savoie (+132%) et de la Haute-Savoie (+124%).
Fermeté des prix partout en France
Il est pour l'heure impossible de dire si cet important mouvement de recherches sur les sites d'annonces immobilières se traduira par des transactions. La crise du Covid-19 a déjà ébranlé l'activité avec une chute du nombre de ventes immobilières de 80% pendant le confinement, soit 150 000 unités de moins qu'en 2019 à la même période. La Fnaim estime que l'année 2020 pourrait perdre 25% de transactions.
En revanche, la crise sanitaire n'a pas enrayé la hausse des prix. Dans leur dernier indice du 10 septembre 2020, les notaires constatent une progression moyenne de 5,7% des prix dans l'ancien en rythme annuel. Dans le détail, l'inflation gagne 6,6% en Île-de-France et 5,5% dans les autres régions. Les prix grimpent de 7% dans les villes de plus de 10 000 habitants et de 7,8% dans les centres-villes. Dans les zones rurales, la hausse se situe autour de 5%. Les données des notaires portent sur les actes authentiques avec un décalage de deux ou trois mois. Compte tenu d'une demande supérieure à l'offre, en particulier dans et autour des grandes métropoles, il est peu probable que les prix s’infléchissent avec les prochaines ventes.
La tendance actuelle qui voit les citadins déserter les centres urbains pourrait faire évoluer le marché vers une meilleure répartition entre grandes et petites villes, avec un rééquilibrage entre les prix des logements en ville et celui des maisons en périphérie ou dans les campagnes avoisinantes, au profit de ces dernières.