Depuis le 26 juillet 2014, la loi Hamon assurance offre la possibilité de résilier son assurance de prêt immobilier à tout moment durant les douze premiers mois du crédit. Retour sur ce droit qui a changé la donne pour les emprunteurs et qui va très bientôt être supplanté par la loi Lemoine.
Changement d'assurance durant la première année
La loi relative à la consommation du 17 mars 2014, dite loi Hamon, promulguée le 26 juillet 2014, vise à rééquilibrer les pouvoirs entre consommateurs et professionnels et met en place divers dispositifs permettant de renforcer la protection et les droits des usagers, comme la procédure d'action de groupe, la résiliation en cours d'année après une période initiale d'un an des contrats d'assurance multirisques habitation, responsabilité civile et automobile, également le changement d'assurance emprunteur immobilier durant la première année du crédit.
Avant cette loi, tout emprunteur pouvait souscrire le contrat de son choix selon le principe de délégation d'assurance instauré par la loi Lagarde de juillet 2010, mais rares étaient les emprunteurs à faire valoir ce droit par peur de voir la banque entraver leur demande de financement. Même si les établissements de crédit avaient interdiction depuis la loi Lagarde d'appliquer des frais de délégation et de modifier les conditions du prêt dans le cadre de la délégation d'assurance, les pratiques abusives des banques, comme le manquement au devoir d'information envers le consommateur, et l'absence de sanctions à leur égard déniaient de facto le droit au libre choix de l’assurance, tout en empêchant la libéralisation du marché de l'assurance de prêt immobilier.
La loi Hamon tente de rectifier le tir en donnant l'opportunité de dénoncer le contrat d'assurance du prêteur à tout moment durant les premiers douze mois, au plus tard quinze jours avant la date d'anniversaire de la signature de l'offre de prêt, et de le substituer par une offre alternative à niveau de garanties au moins équivalent. Une fois informée de la demande de résiliation par courrier recommandé (accompagné du nouveau contrat), la banque dispose d'un délai de 10 jours ouvrés pour formuler sa réponse par écrit, tout refus devant être motivé.
Les autres avantages de la loi Hamon
Outre la possibilité de changer de contrat dans les douze premiers mois, le volet "assurance emprunteur" de la loi Hamon a institué deux autres mesures :
- le droit à une information spécifique quant au coût de l’assurance emprunteur, exprimé en taux comme celui du prêt : le coût de l'assurance est indiqué par le TAEA ou Taux Annuel Effectif Assurance, pourcentage qui doit figurer dans la fiche d’information personnalisée remise à l’occasion de l'offre d’assurance de prêt immobilier.
- aucuns frais supplémentaires pour la substitution d’assurance : la banque a interdiction de facturer des frais lors du changement d'assurance, ni même de modifier les conditions de l'offre de prêt, en rehaussant le taux d'intérêt par exemple.
L'information du TAEA est essentielle pour le consommateur. Ce taux est plus élevé que le taux nominal d'assurance, car il recouvre un taux actuariel, recalculé en pourcentage du capital restant dû. Le TAEA peut ainsi être ajouté au taux d'intérêt pour obtenir le véritable coût du crédit immobilier (hors garantie et frais de courtage). Rappelons que le coût de l'assurance est le deuxième après les intérêts et représente en moyenne environ 40% du coût global d'un crédit immobilier. Il est le facteur clef d'optimisation du prêt, car les assurances déléguées permettent d'économiser jusqu'à 50 points de base d'un crédit (0,50%).
En mettant les offres en concurrence grâce à un comparateur indépendant comme Magnolia.fr, l'emprunteur peut sélectionner et souscrire l'assurance de prêt de son choix sous réserve que celle-ci présente a minima des garanties d'un niveau de protection équivalent à celui du contrat bancaire. La comparaison permet de mettre en lumière les écarts tarifaires entre les contrats et de constater qu'à garanties équivalentes, les offres déléguées proposées par les assureurs alternatifs sont entre deux et quatre fois moins chères que celles des bancassureurs.
Place au changement à tout moment
Ce nouveau droit accordé aux emprunteurs n'a pas bouleversé le marché de l'assurance de prêt immobilier, mais a montré aux banques que le loup était dans la bergerie. Le législateur n'a eu de cesse ensuite de mieux réguler l'assurance emprunteur pour écorner le quasi-monopole bancaire sur ce produit que le consommateur est obligé de souscrire s'il souhaite décrocher le crédit qui lui permettra de financer son projet immobilier.
Après la loi Hamon, entre en vigueur le 1er janvier 2018 l'amendement Bourquin, réglementation qui étend le droit de résiliation au-delà de la première année. À chaque échéance, dans un délai de deux mois avant la date d'anniversaire, l'emprunteur peut résilier le contrat en cours pour le substituer par une assurance à garanties équivalentes.
Malgré cela, la libéralisation du marché de l'assurance emprunteur est restée un leurre, les banques détenant toujours plus de 85% des cotisations annuelles après une décennie de réglementations. C'était sans compter avec la pugnacité du législateur qui aura raison du lobby bancaire en adoptant en février dernier la loi Lemoine.
Plus de date à respecter pour résilier ! À partir du 1er juin 2022, tout nouvel emprunteur pourra changer de contrat d'assurance à tout moment et sans frais. Les personnes déjà détentrices d'un crédit immobilier auront accès à ce droit fondamental le 1er septembre prochain. La résiliation dans le cadre de la loi Hamon ou de l'amendement Bourquin deviendra alors caduque pour s’appliquer via cet unique dispositif qui simplifie le principe de résiliation des assurances de prêt immobilier. Le texte donne par ailleurs obligation aux banques d'informer chaque année leurs clients de ce droit à résiliation.
Ajoutons que la loi Lemoine impose aux banques et aux assureurs d’informer du coût de l’assurance au bout de 8 ans, sachant que la durée moyenne de détention d’un crédit immobilier est entre 8 et 10 ans. Cette indication est essentielle pour comparer les contrats sur une base objective, les modes de calcul des primes étant différents d’une offre à l’autre. La banque a par ailleurs obligation de stipuler tous les motifs de refus, et ce de manière exhaustive, pas seulement d’indiquer que l’équivalence de garanties n’est pas respectée.. Cela permettra à l’emprunteur de savoir là où il a péché, et de présenter une nouvelle demande de résiliation/substitution.