C'est une des mesures dérogatoires en cette période de crise sanitaire mises en place pour faciliter la consultation médicale à distance. Dans certains cas, les téléconsultations par téléphone sont prises en charge à 100% par l'Assurance Maladie.
Essor de la télésanté
La téléconsultation, le télésoin et la télésurveillance médicale ont trouvé leur place depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le numérique appliqué à la santé suscite d'habitude le scepticisme, même dans les rangs du monde médical, mais force est de constater que la télémédecine se déploie à la faveur de ce virus qui bouleverse les préjugés. Quand le ministère de la Santé avait annoncé il y a un an vouloir "accélérer le virage numérique", il ne pensait pas anticiper aussi rapidement l'évolution des pratiques médicales.
Durant le confinement du printemps dernier, la part des téléconsultations est passée de 0,2% à plus de 4% du nombre total de consultations médicales, avec un pic à 25% au plus fort de l'épidémie. Est-il besoin de rappeler l'utilité de la téléconsultation ?
- Maintenir un accès aux soins
- Limiter les risques évitables de propagation au sein des cabinets médicaux
- Protéger les professionnels de santé de l'infection comme les patients qu'ils prennent en charge.
La téléconsultation peut se faire via un lien internet envoyé par le médecin ou par un outil de vidéotransmission comme Whatsapp, Facetime, Skype ou Zoom qu'il aura indiqué à son patient.
Le télésuivi et la télésurveillance à domicile ou en Ehpad ont également pris de l'ampleur depuis mars dernier et démontré leur utilité pour les patients et les praticiens dans un contexte épidémique mais aussi pour le contrôle des pathologies chroniques. Le télésoin par vidéotransmission a par ailleurs été développé par les professions paramédicales, notamment par les sages-femmes pour le suivi des grossesses à distance, par les orthophonistes pour la rééducation à distance, également par les infirmiers libéraux et par les masseurs-kinésithérapeutes dès lors qu'un premier soin a déjà été réalisé par l'auxiliaire de santé.
Consultation à distance : quel remboursement ?
Décidé en mars dernier pour encourager le recours aux consultations à distance dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, le remboursement intégral des téléconsultations par vidéotransmission par la Sécu avait été dans un premier temps prolongé jusqu'à fin 2020, pour être finalement prorogé jusqu'en 2022 selon le projet de loi de finances 2021 de l'Assurance Maladie. Cette prise en charge à 100% est même accordée aux patients en dehors du parcours de soins coordonnés par le médecin traitant y compris pour une primo-consultation.
Depuis 2018, la Sécu rembourse les téléconsultations par vidéotransmission au taux de 70% comme une consultation classique en cabinet. Avant la crise sanitaire, la pratique était encore confidentielle comme le révèlent les chiffres cités plus haut. En 2019, seuls 2 000 médecins proposaient la téléconsultation, ils seraient aujourd'hui près de 60 000. Face à la recrudescence de l'épidémie, le ministère de la Santé a recommandé aux professionnels de santé le 23 octobre dernier de "privilégier de façon massive et rapide les prises en charge à distance" pour les patients Covid-19, également pour la continuité des soins de la population.
Le télésoin remboursé à 100% : pour qui ?
L'état d'urgence sanitaire ayant été réactivé à compter du 17 octobre 2020 sur tout le territoire, le gouvernement a de nouveau autorisé le remboursement intégral des téléconsultations par téléphone. Cette dérogation est cependant réservée aux patients n'ayant pas accès à une connexion internet haut débit ou très haut débit, ou aux patients disposant d'un tel accès mais ne possédant pas de terminal permettant une vidéotransmission dans l'une des situations suivantes :
- patient présentant les symptômes de l'infection ou étant reconnu atteint du covid-19 ;
- patient en affection de longue durée ;
- patient âgé de plus de 70 ans ;
- femme enceinte.
La pratique du tiers payant est vivement conseillée par les autorités. La consultation par téléphone ou vidéotransmission peut être sujette à dépassements d'honoraires. Dans ce cas, le médecin doit indiquer au patient le moyen de paiement (en ligne, par virement instantané, par chèque). Dans le cas où le praticien établit une ordonnance, celle-ci peut être téléchargée sur une plateforme sécurisée, ou à défaut transmise par messagerie à la pharmacie que le patient aura choisie. Dernière solution, le médecin envoie directement l'ordonnance au patient par messagerie ou par voie postale.