C'est vendredi, abordons l’immobilier d’un point de vue décalé. Après l'alimentation et l'habillement, la mode du vegan ou végane si l’on veut franciser ce terme anglo-saxon investit l'immobilier. Ce n'est pas une blague, mais une idée, encore timide, qui nous vient du Canada. Il est même possible d'emprunter végane.
Acheter un logement selon le concept vegan
Le marché vegan ne se limite pas à l'alimentaire. Mode, esthétique, tous les secteurs de la consommation sont concernés, le dernier en date étant l'immobilier. Pour ceux qui n'auraient pas encore intégré ce concept, le véganisme est nettement plus radical que le végétarisme et le végétalisme : ce courant est fondé sur des critères éthiques et environnementaux et non diététiques. Tous les produits issus de l'exploitation animale sont bannis, et cela inclut le cuir, la laine, la soie et même le miel. Sont apparus sur le marché des cuirs végétaux à base d'ananas ou de champignons par exemple, et plusieurs marques de cosmétiques se sont engouffrées dans la brèche du 100% vegan. Même le tourisme s'y met comme l'entreprise Vegan Travel France (et oui, au pays du foie gras et de l'os à moelle !) qui propose des circuits sous un autre angle, écologique et sans "cruauté". Mais déclinée à l'immobilier, la tendance vegan nous laisse perplexe. Kesaco ?
La démarche vegan en immobilier nous vient du Canada. Basée à Vancouver, l'agence Vegan Real Estate propose une approche nouvelle de l'acquisition immobilière en donnant la priorité à des partenaires qui partagent avec elle les valeurs de durabilité, d'intégrité et d'impact social. Elle se veut en rupture avec une méthode qu'elle juge datée, pour apporter plus de sens à l'achat immobilier, souvent la décision la plus importante d'une vie. Son but : une planète plus heureuse et plus saine pour tous. Derrière ce vœu pieux, les deux jeunes concepteurs de cette agence nouveau genre souhaitent faire du business avec une communauté en phase avec leurs principes et la soutenir en retour. Leur crédo : le business est fait pour gagner sa vie et faire la différence pour offrir satisfaction et plénitude à soi-même et aux autres. Leur engagement : faire des efforts collectifs pour aider la planète. Comment introduire le concept de véganisme dans un business qui ne vend pas de produits vegan ? Vegan Real Estate reverse une partie de ce qu'elle gagne à des projets qui respectent les valeurs vegan, c'est-à-dire éthiques, environnementales et de santé. L'agence promeut l'immobilier "intelligent" peu consommateur d'énergie, les propriétés avec jardin communautaire et la construction durable avec un impact environnemental limité. Sans vouloir être parfaite ou idéaliste, elle croit dans son concept d'immobilier vegan pour créer une communauté engagée dans le respect des autres et de la Terre.
Emprunter vegan
Allons jusqu'au bout de l'idée. Financer un logement vegan avec un crédit vegan. Vous voilà encore plus dubitatif. On reste au Canada, cette fois à Toronto. La société Vegan Home & Mortgage est un courtier en prêts hypothécaires qui propose d'utiliser une partie de sa commission au soutien d'organisations vegan choisies par le client emprunteur. Sur sa page Facebook, Luke Robinson, son fondateur, ne cache pas son prosélytisme vegan, diffusant des recettes de cuisine et des articles sur la malbouffe. L'idée a franchi l'Atlantique. En Grande-Bretagne, Vegan Mortgage Adviser est une société de conseils en solutions éthiques de financement et d'assurance emprunteur. Pour chaque parrainage, elle reverse 100£ à une ONG qui défend la cause animale. Toujours de l'autre côté de la Manche, Ecology Building Society est spécialisée dans les prêts professionnels qui financent toute forme de business pouvant profiter à l'environnement ou contribuer à la durabilité de l'économie locale.
En France, on a l'ISR ou Investissement Socialement Responsable, des placements qui intègrent des critères extra-financiers, à savoir l'environnement, les questions sociales, éthiques et de gouvernance. Mais cela concerne les épargnants et non les emprunteurs. Les anglo-saxons ont poussé la radicalité vegan jusque dans le secteur immobilier, une voie que les professionnels français du crédit n'envisagent même pas d'emprunter.