Le Prêt à Taux Zéro ou PTZ bénéficie de changements notables à compter de ce mois. Un décret publié le 3 avril dernier* précise les modifications apportées qui viennent élargir ce dispositif à davantage de ménages éligibles. C’est une des réponses du gouvernement à la crise du logement qui frappe le pays depuis plus d’un an.
Recentrage du PTZ sur l’habitat collectif
Pour rappel, le PTZ est un prêt consenti à taux zéro à un emprunteur qui acquiert sa résidence principale pour la première fois. On parle de primo-accession. Le PTZ est attribué sous conditions de ressources par les banques signataires d’une convention avec l’État et doit toujours compléter un prêt immobilier classique.
La loi de finances 2024 a prolongé ce dispositif essentiel pour l’accession à la propriété jusqu’au 31 décembre 2027. L’annonce à l’automne 2023 de son élargissement avait rassuré tous les acteurs de la filière dans une période où l’immobilier subit une crise sévère.
Les conditions d’accès sont élargies à un plus grand nombre de communes. Le zonage reste le même mais des centaines de villes passent en zone tendue (A et B1), là où la demande est censée être la plus forte. Des millions de nouveaux bénéficiaires pourront ainsi profiter du PTZ 2024. Couplée aux autres améliorations (hausse des plafonds de revenus, nouvelle tranche de revenus, augmentation de la quotité), cet élargissement permet à plus de 30 millions de foyers fiscaux d’être des bénéficiaires potentiels du PTZ dernière version.
Le PTZ est ainsi recentré sur les logements neufs en habitat collectif. Le PTZ dans l’ancien est toujours en place mais restreint aux zones B2 et C, et conditionné à une enveloppe de travaux (au moins 25% du montant de l’opération avec un gain énergétique significatif). En revanche, la maison individuelle ne peut plus être financée via un PTZ, quelle que soit la zone.
Nouveaux plafonds de ressources pour le PTZ 2024
Le PTZ est soumis à conditions de ressources. Les plafonds n’avaient pas évolué depuis 2016. Sont pris en compte les revenus de l’année N-2. Voici la nouvelle grille des revenus :
Nb de personnes |
Zone A |
Zone B1 |
Zone B2 |
Zone C |
1 |
49 000 € |
34 500 € |
31 500 € |
28 500 € |
2 |
73 500 € |
51 750 € |
47 250 € |
42 750 € |
3 |
88 200 € |
62 100 € |
56 700 € |
51 300 € |
4 |
102 900 € |
72 540 € |
66 150 € |
59 850 € |
5 |
117 600 € |
82 800 € |
75 600 € |
68 400 € |
6 |
132 300 € |
93 150 € |
85 050 € |
76 950 € |
7 |
147 000 € |
103 500 € |
94 500 € |
85 500 € |
8 ou plus |
161 700 € |
113 850 € |
103 950 € |
94 050 € |
Quotité du PTZ plus élevées
Le PTZ finance une partie de l’opération, jamais son intégralité. Son montant maximum dépend de la zone géographique et du nombre de personnes destinées à occuper le logement. Jusqu’à présent, la quotité du PTZ pouvait aller jusqu’à 40% du montant de l’opération et était plus ou moins élevée en fonction du caractère neuf ou ancien du bien. Dans la nouvelle version, un paramètre est lié aux revenus du foyer est ajouté, le PTZ pouvant désçormais financer jusqu’à 50% de l’achat pour les ménages très modestes.
Montant maximum du PTZ :
Nb de personnes |
Zone A |
Zone B1 |
Zone B2 |
Zone C |
1 |
150 000 € |
135 000 € |
110 000 € |
100 000 € |
2 |
225 000 € |
202 500 € |
165 000 € |
150 000 € |
3 |
270 000 € |
243 000 € |
198 000 € |
180 000 € |
4 |
315 000 € |
283 500 € |
231 000 € |
210 000 € |
5 et plus |
360 000 € |
324 000 € |
264 000 € |
240 000 € |
Seuils de revenus pour accéder au PTZ au regard de la quotité :
Tranche de revenus |
Quotité |
Zone A |
Zone B1 |
Zone B2 |
Zone C |
1 |
50 % |
≤ 25 000 € |
≤ 25 000 € |
≤ 18 000 € |
≤ 15 000 € |
2 |
40 % |
≤ 31 000 € |
≤ 26 000 € |
≤ 22 000 € |
≤ 19 500 € |
3 |
40 % |
≤ 37 000 € |
≤ 30 000 € |
≤ 27 000 € |
≤ 24 000 € |
4 |
20 % |
≤ 49 000 € |
≤ 34 500 € |
≤ 31 500 € |
≤ 28 500 € |
Modification de la durée de remboursement
La durée maximale du PTZ est toujours fixée à 25 ans, mais la création d’une quatrième tranche de revenus oblige à modifier le différé de remboursement. En fonction de la tranche dans laquelle vous vous situez, voici les modalités de remboursement :
|
Période 1 |
Période 2 |
|||
Tranche |
Durée totale de remboursement |
Durée |
Capital à rembourser |
Durée |
Capital à rembourser |
1 |
25 ans |
10 ans |
0 % |
15 ans |
100 % |
2 |
20 ans |
8 ans |
0 % |
12 ans |
100 % |
3 |
15 ans |
2 ans |
0 % |
13 ans |
100 % |
4 |
10 ans |
10 ans |
100 % |
- |
- |
Important : le PTZ est obligatoirement couvert par une assurance emprunteur, au même titre que tout crédit immobilier. Durant la période du différé d’amortissement, les primes d’assurance sont dues. Vous avez le droit de choisir librement votre assurance emprunteur et de mettre les offres en concurrence via un comparateur d’assurance de prêt immobilier pour sélectionner la formule la plus compétitive qui respecte les exigences de la banque en matière de niveau de garanties.
Le PTZ a été créé en 1995, réformé et remis en cause à plusieurs reprises depuis près de 30 ans. L’idée initiale était un prêt d’apport à 0%, c’est-à-dire une aide à l’apport personnel lisible et stimulante. Les critères de ressources ont même été supprimés en 2011, créant ainsi une version universelle. Le ciblage social reprend ses droits en 2013 et le dispositif était promis à disparition fin 2017. La version 2024 met en place un double recentrage au nom des « objectifs de verdissement de la dépense publique et de sobriété foncière du gouvernement ». En 2022, la production totale de PTZ a été de 63 647 unités dont près de 80 % dans le neuf (17 % dans l’ancien avec quotité de travaux et 4 % en logements HLM).
*décret n°2024-304 du 2 avril 2024 relatif aux prêts ne portant pas intérêt consentis pour financer la primo-accession à la propriété