Le couperet est tombé : la France se reconfine pour la deuxième fois à cinq mois d'intervalle afin de limiter la propagation du Covid-19. Sauf dérogation, les Français sont priés de rester chez eux à partir du vendredi 30 octobre et jusqu'au 1er décembre prochain... au moins. Quelle sera l'incidence sur le marché immobilier et sur les prix des logements ?
Rebond post-confinement en juin
Le confinement imposé entre mars et mai 2020 avait mis le marché immobilier à l'arrêt, empêchant la bonne marche des transactions, depuis les visites jusqu'à la signature authentique, même si la mise en œuvre de la signature à distance avait permis un maintien tout relatif de l'activité. La surprise est venue post-confinement. Les Français n'ont pas abandonné leur projet immobilier, et de nombreuses velléités d'achat sont même nées durant l'enfermement dans des logements parfois exigus et mal adaptés aux nouvelles contraintes (télétravail, école à distance). Certes, il y a eu un rattrapage technique des transactions interrompues durant le confinement, mais la demande est restée au beau fixe en dépit du durcissement des conditions d'octroi des crédits immobiliers depuis janvier 2020.
Des envies d'un habitat plus spacieux, doté d'un espace extérieur ont eu les faveurs des recherches sur le net. Les maisons avec jardin et les appartements avec balcon ou terrasse sont devenus le graal de l'achat immobilier. Les communes limitrophes des grandes agglomérations sont lorgnées par les acheteurs et les résidences secondaires bénéficient d'un sursaut inédit.
Résultat, les prix immobiliers n'ont pas baissé malgré la crise. Ou à cause de la crise. La pierre a conforté son statut de valeur refuge et l'habitat a pris une dimension nouvelle en cette période épidémique. La résilience du marché est à ce jour remarquable, comme l'indique la dernière note de conjoncture des Notaires de France. La confiance des ménages, qui a connu une baisse historique pendant le confinement, s'est redressée. Selon l'Insee, après cinq mois de repli, davantage de ménages ont estimé en juin qu'il était opportun de faire des achats importants.
Le projet de vie repose souvent sur l'achat immobilier et force est de constater que la crise sanitaire a amené les ménages à reconsidérer la qualité de leur logement comme élément primordial. La confiance affichée reste raisonnée car corrélée au contexte dégradé ; elle risque d’être écornée avec ce reconfinement généralisé. Pour passer à l'acte, beaucoup comptent désormais sur l'assagissement des prix.
Attentisme mais maintien des prix
Selon un récent sondage du journal Le Figaro, près d'un Français sur deux pense que les prix immobiliers vont augmenter, tandis qu'un tiers anticipe une baisse. Les notaires sont également de l'avis d'une résistance des prix malgré le reconfinement tout juste décidé. Ils estiment que "seules des conséquences économiques majeures et persistantes seraient susceptibles d'impacter significativement les prix". Le précédent confinement n'avait pas duré assez longtemps pour agir sur le niveau des prix, au contraire du volume des ventes qui devrait se contracter d'environ 20% par rapport à 2019.
Si le pays reprend une activité normale début décembre, il est fort probable que le seuil des 900 000 ventes immobilières sera atteint. Pour mémoire, en 2019, plus d'un million de transactions avaient été signées et les prix avaient augmenté de 3,7% en moyenne en France métropolitaine. Entre les attentes des vendeurs qui redoutent une baisse de la valeur de leur bien et les acheteurs qui parient sur une baisse des prix pour franchir le pas, il est à souhaiter que le reconfinement ne s'étale pas au-delà de quatre semaines.