Les 30 juin et 7 juillet prochains auront lieu des élections législatives anticipées suite à la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron après les résultats des récentes élections européennes. Les grandes manœuvres ont déjà commencé du côté des partis en présence. Voici ce que l’on sait de leur programme en matière de logement et d’immobilier.
Renaissance : pas assez pour le logement
Lors d’une conférence de presse le 12 juin dernier, le président de la République a reconnu ne pas en avoir fait assez sur l’accès au logement des jeunes. On retiendra de l’interview du premier ministre Gabriel Attal le 15 juin sur France 2 que le gouvernement actuel souhaite instaurer une exonération des frais de notaire pour l’achat d’un premier logement dont le montant est inférieur à 250 000€.
On a fait le calcul : pour l’acquisition d’un logement de cette valeur, les frais de notaire s’élèvent à environ 5 384€, répartis entre les émoluments du notaire et les droits et taxes.
Rassemblement National (RN) : préférence nationale pour les logements sociaux
Large vainqueur des élections européennes, le RN veut réserver les HLM aux ménages français. Dans son programme élaboré en 2022, le parti de Marine Le Pen a l’ambition de :
- construire 100 000 nouveaux logements par an dont 20 000 en faveur des étudiants et des jeunes travailleurs
- exonérer les donations des parents et grands-parents à leurs enfants et petits-enfants jusqu’à 100 000€ par enfant tous les 10 ans, au lieux de 15 ans actuellement
- lancer un plan de réhabilitation des logements anciens grâce à des aides efficaces
- créer un fonds de garantie des loyers pour protéger les propriétaires bailleurs
- supprimer l’impôt sur l’héritage direct pour les familles modestes et les classes moyennes.
Les Républicains (LR) : résoudre la crise de l’immobilier
Après une année 2023 particulièrement noire pour le logement et l’immobilier, et des prévisions peu encourageantes pour 2024, le parti présentait, en mars dernier, 10 propositions pour résoudre la crise et améliorer le pouvoir d’achat des ménages. En voici les principales :
- Supprimer l’interdiction de mise en location des logements classés comme passoires thermiques d’ici 2028 : le gouvernement actuel a prévu une sortie progressive du marché locatif des logements énergivores, à savoir toute la classe G à partir de janvier 2025 et la classe 7 à partir de janvier 2028. Ce calendrier est jugé intenable par les professionnels et serait de nature à aggraver la crise du logement.
- Mettre en place un crédit d’impôt carbone pour aider à la rénovation thermique
- Instaurer la déductibilité des intérêts d’emprunt pour l’achat de la résidence principale
- Offrir un avantage fiscal aux investisseurs dans le locatif : ils pourraient déduire de leurs impôts sur le revenu le coût de leurs acquisitions immobilières et des travaux effectués pour mettre le logement aux normes
- Proposer des baux de location plus simples et faciliter l’expulsion des squatteurs ou d’impayés de loyer
- Mettre fin au bail à vie dans le logement social
- Autoriser une donation supplémentaire de 100 000€ exonérée d’impôt par enfant ou petit-enfant pour qu’il puisse acheter sa résidence principale ou financer la rénovation thermique de son logement.
Nouveau Front Populaire : construire davantage de logements sociaux
Cette nouvelle entité qui rassemble les partis de gauche a présenté son programme le 14 juin dernier. Les principales mesures annoncées en faveur du logement et de l’accès à la propriété sont :
- Relancer la construction de logements sociaux
- Rendre les normes écologiques plus ambitieuses
- Encadrer les loyers et les prix du foncier de manière obligatoire dans les zones tendues
- Instaurer une garantie universelle des loyers pour sécuriser propriétaires et locataires : la GUL était un ancien projet de la loi ALUR, remplacé par le dispositif VISALE d’Action Logement qui se porte garant gratuitement pour couvrir les loyers impayés et les dégradations locatives.
- Rendre accessible le PTZ à tous les ménages primo-accédants quelle que soit la zone géographique et sans distinction entre neuf et ancien
- Revaloriser les APL (Allocations pour le logement) de 10%.
Reconquête : faciliter l’accès à la propriété
Le parti d’Éric Zemmour date de 2022 et axe sa politique du logement en faveur de l’accès à la propriété :
- Supprimer les droits de mutation à titre onéreux (frais de notaire) pour les primo-accédants de leur résidence principale jusqu’à une valeur du bien de 250 000€
- Mettre en place une réduction d’impôt sur le revenu des intérêts d’emprunt liés à l’achat de la résidence principale pour les primo-accédants, à hauteur de 50% pendant 5 ans
- Réduire de 30 à 15 ans la durée de détention permettant une exonération totale d’impôts et de prélèvement sociaux sur la plus-value
- Sortir la résidence principale du calcul de l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière)
- Expulser les squatteurs en moins de 72 heures grâce au recours obligatoire à la force publique par les préfets
- Mettre fin à l’inflation des normes pour relancer la construction de logements
- Renforcer les sanctions pour les recours abusifs qui entravent la construction de nouveaux logements
- Obliger les offices HLM à vendre leurs logements sociaux dans les villes où on en compte plus d’un tiers.
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ; certaines sont pour l'heure très floues. La situation de crise qui prévaut depuis plus d’un an va obliger le futur gouvernement à prendre rapidement des mesures efficaces pour relancer le marché immobilier et favoriser l’accès à un logement décent. Les professionnels du bâtiment souhaitent avant tout un rétablissement du PTZ dans l’ensemble du territoire et pour tous les types de logements. En revanche, aucune mention des règles d’octroi du crédit immobilier qui restent pourtant un frein à l’accession pour bon nombre de ménages solvables.