Après le choc de la dissolution de l’Assemblée nationale, les élections législatives anticipées qui en découlent inquiètent les Français, notamment ceux qui portent un projet immobilier. Les mesures des partis pour le logement et l’immobilier sont connues, mais les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. L’incertitude prévaut, ce qui est parfaitement légitime compte tenu d’un échiquier politique où les extrêmes prédominent. Ce qui est pris n’est plus à prendre ! On assiste à une ruée des emprunteurs vers les banques et les courtiers pour finaliser un projet avant que les conditions ne se dégradent.
Législatives 2024 : un scrutin qui inquiète
Après avoir sombré en 2023, le marché immobilier tente de se redresser en 2024. La baisse des taux d’intérêts depuis le début de l’année a permis de relancer la demande et de remettre sur les rails une production de crédits à l’habitat qui avait plongé de 40% l’an dernier.
Selon les chiffres de l’Observatoire Crédit Logement, l’activité a rebondi de 74,1% entre décembre 2023 et mai 2024, et le nombre de prêts est en hausse de 86,2%. Mais en niveau annuel glissant, la production de crédits immobiliers est toujours en retrait de 34,7% et le nombre de prêts accordés de 25%.
La dynamique constatée pourrait être rapidement stoppée par le contexte politique en France. L’incertitude politique liée à la dissolution de l’Assemblée nationale influence fortement le comportement des acheteurs immobiliers. Les emprunteurs ont peur que les taux d’intérêts repartent à la hausse et les facteurs économiques pourraient leur donner raison.
L’évolution des taux d’emprunt est liée à celle des marchés financiers et à la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne. Les obligations de l’État français sur 10 ans (OAT 10 ans) ont grimpé dans le sillage de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, creusant l’écart avec le Bund allemand, ce qui est le signe d’une défiance des investisseurs. La baisse de 25 points de base des taux directeurs de la BCE en juin dernier avait déjà été anticipée par les banques de détail, et n’aura sans doute pas l’effet escompté en raison du scénario français.
Les réactions du marché ont été immédiates : les acheteurs immobiliers se dépêchent de finaliser leur projet avant une probable dégradation des conditions d’emprunt.
Obtenir son crédit immobilier avant la hausse des taux
Actuellement, il est possible de s’endetter sur 20 ans autour de 3,50% (hors assurance prêt immobilier et coût des sûretés). C’est nettement mieux qu’il y a 6 mois où les taux avaient atteint leur maximum à 4,50%. La crainte des emprunteurs est de voir les valeurs remonter dans un contexte politique français en manque de clarté.
Vers une remontée des taux ?
La concurrence interbancaire est vive depuis janvier, en phase avec l’amélioration des conditions monétaires. Comptables de 50 % de l’activité, les primo-accédants bénéficient de super taux bonifiés. La volonté de reprise est manifeste, mais déjà les banques montrent de légers signes de durcissement.
La Banque Postale a remonté sa grille de taux de 10 points de base en juin, une première depuis fin 2023. Elle devrait être suivie par d’autres enseignes compte tenu de la réaction des marchés financiers. Alors que l’activité commençait à reprendre son souffle après de longs mois de léthargie, elle pourrait être freinée dans son élan.
Ruée vers les banques et les courtiers
Les ménages dont le projet immobilier est déjà bien avancé cherchent à sécuriser les offres actuelles pour éviter une potentielle hausse des taux. Ceux qui font appel à un courtier lui demandent de figer le taux proposé afin de conserver leur capacité d’emprunt. Quant à ceux dont l’achat immobilier est encore à l’état de projet, ils retardent leurs démarches et attendent de voir quelles seront l’évolution des taux d’emprunt et la politique fiscale en matière d’immobilier mise en place par le futur gouvernement.
La perspective de taux à 3% pour la fin de l’année brille de moins en moins. Mieux vaut emprunter aujourd’hui à 3,50% qu’à 3,70% ou 3,80% demain. Pour un prêt immobilier de 200 000€ sur 20 ans, il faudra débourser 5 000€ en plus si le taux remonte de 3,50% à 3,70%. Différer de passer à l’action n’est plus de mise, d’autant qu’une bonne affaire immobilière n’attend jamais. Time is money !