Vous connaissez la résidence principale et la résidence secondaire, voici la résidence semi-principale, une nouvelle pratique née des différents confinements. Les maisons en périphérie des grandes villes sont les biens convoités par ces citadins en télétravail qui alternent entre un premier logement urbain et un second souvent situé en campagne.
La résidence secondaire devient la résidence semi-principale
Le rapport des Français à leur logement a évolué depuis le début de la crise sanitaire. Logés dans un habitat exigu, mal adapté et sans accès extérieur, les moins bien lotis ont vécu les trois confinements comme une punition. Pour les plus chanceux, la maison secondaire a révélé tout son potentiel. Utilisée occasionnellement pour les weekends et les vacances, la résidence secondaire est devenue plus qu'un lieu de villégiature, faisant quasiment jeu égal avec l'habitation principale, celle où réside officiellement la famille. Les propriétaires y vivent désormais plusieurs jours par semaine, le télétravail permettant facilement l'alternance.
Un nouvel usage des biens immobiliers émerge dans un contexte de crise sanitaire et économique sans précédent. Le premier confinement du printemps 2020 avait amorcé la tendance d'une recherche d'habitat plus spacieux, doté d'un balcon, d'une terrasse ou d'un jardin. Un an plus tard, le soufflet n'est pas retombé, les envies d'un cadre de vie quotidien plus agréable se sont même renforcées avec les deuxième et troisième confinements.
Selon l'Insee, les personnes physiques détentrices d'une résidence secondaire sont à égalité des habitants de la région et d'une autre région métropolitaine (40%), les 20% restants ont leur résidence fiscale à l'étranger. En majorité, les propriétaires de résidence secondaire sont des retraités : 71% ont plus de 60 ans. Avec la crise actuelle, les cadres dont le travail peut se digitaliser se confinent hors des grands centres urbains, et rejoignent leur résidence secondaire, devenue par la force des choses la résidence semi-principale, ou deviennent acquéreurs d'un second logement qui leur offre espace et verdure. Et avec l'enseignement à distance, les familles n'ont désormais plus de scrupules à déserter le logement en ville proche de l'école.
Résidence semi-principale : engouement pour les maisons
Cette tendance de la résidence semi-principale bouscule le marché des maisons. Dans un rayon de 150 voire 200 km autour des grandes agglomérations, les recherches de maisons ont augmenté de près de 60% après le premier confinement par rapport à la même période de 2019, selon les données du réseau d'agences immobilières Century 21. Les Parisiens visent la Normandie ou l'Yonne, département où la population a bondi de 7% au printemps dernier. Les Lyonnais s'installent naturellement en Savoie, les Toulousains dans le Gers, les Marseillais dans les Alpilles et les Bordelais privilégient les Landes.
La Bretagne suscite un vif intérêt : les professionnels de l'immobilier ont constaté une augmentation de 45% des consultations des annonces dont un quart pour les seules résidences secondaires. En décembre 2020, 43% des demandes de logements provenaient de Franciliens contre 26% seulement de Bretons (baromètre SeLoger). Une proportion jusque-là inversée et une ruée qui a un impact très net sur les prix : en un an, le prix du mètre carré a bondi de 13,2% à Rennes et de 16,5% à Vannes ! Résultat, les locaux peinent à acheter.
Attention aux frais pour les résidence secondaire ou semi-principale !
Au creux de la vague à partir de 2008, le marché des résidences secondaires s'est redressé à partir de 2012. Selon l'Insee, le parc immobilier secondaire s'est accru de 60 000 unités en 2020, soit 10 000 logements supplémentaires par rapport à la moyenne annuelle depuis 2012. Autres chiffres évocateurs d'un marché en expansion :
- la France totalise 3,6 millions de résidences secondaires, soit le record européen avec l'Espagne ;
- on compte 5,5 résidences secondaires pour 100 habitants en 2020, contre un ratio de 4,3 en 1983.
D'autres données nous ramènent malheureusement au contexte dégradé actuel. Selon le courtier Pretto, l'indice de finançabilité, qui mesure l'écart entre l'offre bancaire et la demande de crédit, est tombé à 51 points en décembre 2020 pour les résidences secondaires, ce qui signifie que la moitié des projets d'achat d'une résidence secondaire étaient recalés par les banques en fin d'année dernière. À cette période, il était de 77 points pour les résidences principales.
Pour les banques, la résidence secondaire est souvent considérée comme un achat de luxe, génératrice de frais importants, assujettie aux impôts et aux taxes, notamment la taxe d'habitation dont est exonérée la résidence principale, et non éligible aux aides publiques à la rénovation. Autant de surcoûts qui obligent les banques à considérer les demandes de financement d'une résidence secondaire, même devenue semi-principale (fiscalement elle reste une résidence secondaire), avec la plus grande vigilance.