Le marché immobilier est toujours à la peine et l’effet printemps se révèle bien frileux en 2024. Si la demande repart timidement, les prix restent orientés à la baisse comme en témoignent les chiffres du dernier baromètre SeLoger/Meilleurs Agents. La norme d’octroi du crédit immobilier demeure un frein à l’accès à la propriété, la baisse modérée des prix des logements n’étant pas suffisante pour resolvabiliser les ménages emprunteurs. Voici l’évolution des prix dans les 20 plus grandes villes de France et le point sur les contraintes réglementaires qui n’en finissent pas de peser sur le marché.
Léger repli des prix de l’immobilier ancien
Selon les données des portails SeLoger et Meilleurs Agents, les prix de l’immobilier ancien accusent une baisse moyenne de 0,9% depuis le début de l’année 2024 dans les 50 villes françaises qui comptent le plus d’habitants. Les valeurs reculent en moyenne de 0,3% pour les maisons et de 0,8% pour les appartements.
Nous détaillons ici les prix des appartements et des maisons pour les 20 plus grandes d’entre elles.
Prix moyen au mètre carré (prix net vendeur au 1er mai 2024) :
Villes |
Prix appartements |
Évolution à 3 mois |
Prix maisons |
Évolution à 3 mois |
Paris |
9 259 € |
-1,5 % |
9 875 € |
N/A |
Marseille |
3 544 € |
1,1 % |
4 607 € |
-0,2 % |
Lyon |
4 782 € |
-2,6 % |
5 865 € |
-1,4 % |
Toulouse |
3 397 € |
-0,1 % |
4 245 € |
1,4 % |
Nice |
5 122 € |
2,1 % |
7 192 € |
4,7 % |
Nantes |
3 511 € |
-2,4 % |
4 288 € |
2,3 % |
Montpellier |
3 560 € |
-0,1 % |
4 455 € |
4,2 % |
Strasbourg |
3 718 € |
-2,7 % |
3 405 € |
-4,5 % |
Bordeaux |
4 418 € |
0,7 % |
5 273 € |
2,8 % |
Lille |
3 549 € |
-2,4 % |
3 164 € |
1,2 % |
Rennes |
3 942 € |
2,1 % |
5 095 € |
-4,5 % |
Toulon |
3 310 € |
2,7 % |
4 142 € |
1,2 % |
Reims |
2 643 € |
2,7 % |
3 087 € |
1,7 % |
Saint-Étienne |
1 312 € |
-3,3 % |
1 924 € |
0,7 % |
Le Havre |
2 193 € |
-3,5 % |
2 586 € |
1,3 % |
Dijon |
2 536 € |
-0,4 % |
3 352 € |
-1,0 % |
Grenoble |
2 973 € |
-3,1 % |
3 370 € |
-4,6 % |
Angers |
3 128 € |
-0,2 % |
33 17 € |
2,5 % |
Villeurbanne |
3 717 € |
-4,2 % |
4 528 € |
-1,4 % |
Nîmes |
2 195 € |
4,0 % |
2 784 € |
-0,5 % |
Source SeLoger/Meilleurs Agents
À Paris, où la baisse des prix se poursuit sans interruption depuis un an, la tendance est très nette sur les 3 derniers mois, à -1,5%. Selon les projections des notaires, les prix devraient continuer à refluer d’ici l’été 2024 en Île-de-France, l’effet JO Paris 2024 sur l’immobilier n’étant pas encore visible, si tant est qu'il se produise.
Des conditions de crédit immobilier toujours difficiles
La tendance des prix immobiliers à la baisse indique que la demande manque de tonus. L’achat immobilier reste au rang des velléités pour bon nombre de ménages qui attendent un repli plus marqué des taux d’intérêts.
Entre décembre 2021 et décembre 2023, le taux moyen sur 20 ans a plus que quadruplé, passant de 1% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés) à 4,50%. La descente s’est amorcée en ce début d’année en raison de la stabilité des conditions monétaires en zone euro. Aujourd’hui, on s’endette sous les 4% sur 20 ans et le mouvement baissier devrait se poursuivre dans le sillage de la prochaine décrue des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne, une première depuis juillet 2022.
Pouvoir d’achat immobilier à la peine
Toutefois, l’évolution des taux d’emprunt depuis février 2022 n’est pas compensée par une baisse des prix dans les mêmes proportions. Le pouvoir d’achat tarde à retrouver les niveaux d’il y a deux ans. Il s’améliore quand même d’un tiers par rapport à ce qu’il a perdu depuis début 2022 grâce à l’effet conjugué de la baisse des taux et des prix ces quatre derniers mois, et de la progression des revenus.
Mais les faits sont têtus. Le marché du crédit immobilier s’enfonce dans la crise au premier trimestre 2024. La production de crédits à l’habitat est en retrait de -37% par rapport à mai 2023.
Normes du HCSF : frein au crédit immobilier
Si les prix immobiliers demeurent encore trop élevés, cette situation ne doit pas occulter l’obstacle récurrent mis en place par le régulateur depuis janvier 2021. La double limite du taux d’endettement à 35% des revenus nets (assurance emprunteur comprise) et de la durée de remboursement à 25 ans (sauf exception dans le neuf et l’ancien avec travaux où l’amortissement peut aller jusqu’à 27 ans) s’applique à tous les dossiers, quel que soit le niveau de solvabilité de l’emprunteur.
Cela signifie qu’un ménage disposant de revenus confortables ne peut s’endetter au-delà de la norme, alors qu'il affiche un reste à vivre suffisant, car la banque ne peut s’affranchir de la règle. Les espoirs de voir enfin évoluer cette norme aberrante ont rapidement été douchés par le retrait fin avril d’une proposition de loi œuvrant dans ce sens. La réforme du crédit immobilier fait pschitt. La maison brûle et le Haut Conseil de Stabilité Financière regarde ailleurs.