Le marché immobilier bat son plein et les Français déménagent. Avec plus d'un million de transactions en un an, l'activité atteint des records, animée par le désir des ménages d'améliorer leur habitat en cette période de crise où l'essor du télétravail et les diverses restrictions obligent à repenser son logement. Le premier baromètre de l'emploi du réseau LinkedIn témoigne des mobilités géographiques des professionnels depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Un marché immobilier hyper dynamique
Dans sa dernière note de conjoncture, les Notaires de France estiment à 1 130 000 le nombre de transactions immobilières à fin mai sur un an. Mieux que le niveau de l'année 2019, pourtant considérée comme un millésime exceptionnel (1 067 000 ventes). Ce record s'explique en partie par le report des affaires empêchées durant le premier confinement du printemps 2020, mais force est de constater que les Français se ruent sur la pierre en cette période troublée par une crise sanitaire inédite, doublée d'une crise économique.
Les affres des divers confinements et l'obligation de mise en place du travail à distance ont modifié le rapport des Français à leur logement. La recherche d'un habitat plus spacieux, ouvert sur l'extérieur et adapté aux contraintes organisationnelles du télétravail a boosté l'activité immobilière de zones jusque-là habituées à un rythme de transactions plus modéré : les zones rurales et périurbaines, ainsi que les communes de taille moyenne ou petite.
La revanche de la campagne et des villes moyennes
Les grandes métropoles perdent leur cote au profit de villes plus modestes, capables d'offrir une qualité de vie supérieure et de proposer des logements à prix plus abordables. Les maisons suscitent un engouement sans précédent, et dans une moindre mesure, les appartements avec balcon ou terrasse.
L'envie de verdure devient irrépressible, après trois confinements, des couvre-feux répétés et des restrictions de déplacement qui laissent des traces sur le moral des ménages et attisent leur motivation de ne plus vouloir subir une situation qui risque de perdurer. Enfermées dans des logements exigus, entre le télétravail et l'école à distance, bon nombre de familles citadines prennent le large vers la campagne ou en périphérie des grandes villes.
Les Français remettent en question leur mode de vie et pour ceux qui peuvent y accéder, on voit également apparaître un nouveau phénomène, celui de la résidence semi-principale. Grâce au télétravail, les chanceux propriétaires d'une résidence secondaire s'y installent désormais plusieurs jours par semaine, prolongent leur weekend par deux ou trois jours de télétravail, délaissant leur habitation régulière pour profiter d'un cadre de vie plus paisible, loin du tumulte urbain. Une étude réalisée par PAP en mai dernier révèle que près d'un tiers des candidats à l'achat d'une résidence secondaire prévoient d'y séjourner de manière intensive.
La migration interne des professionnels en forte hausse
Ce mouvement des zones densément peuplées et/ou plus lourdement touchées par l’épidémie vers des espaces plus "vivables" est observé par LinkedIn. Pour son premier baromètre de l'emploi, le réseau social professionnel s'est intéressé à la mobilité géographique de ses membres, et a évalué le taux de migration interne sur la base du nombre de personnes ayant changé de ville en France sur leur profil LinkedIn, ce qui ne signifie pas nécessairement un changement d'emploi.
D'ordinaire marqué par un nombre de déménagements élevés en début de période scolaire, le mois de septembre de l'année 2020 a enregistré un pic de +126% par rapport à la moyenne sur la période pré-crise sanitaire. La tendance s'est confirmée par la suite : début 2021, le taux de migration était 38% supérieur aux valeurs des cinq premiers mois de 2020.
On ne parle pas d'exode de la ville vers la campagne, mais les chiffres témoignent d'une mobilité accrue des professionnels en cette période inédite. Comparativement aux migrations survenues entre février 2019-mars 2020 et avril 2020-mai 2021, Paris est la métropole qui affiche le ratio arrivées/départs le plus bas (-17,6%), talonnée par Toulouse (-16%). Strasbourg est également frappée par un taux de migration négatif (-8,7%).
La capitale truste la première place de ces migrations déficitaires en raison d'un accès plus large au télétravail. 60% des habitants de l'Île-de-France ont la possibilité de travailler à distance, contre seulement un tiers des professionnels sur l'ensemble du territoire. Pour Toulouse, l'hémorragie est due à la crise du secteur aéronautique, durement sinistré par la pandémie.
À qui profite le crime ? En raison des vases communicants, d'autres régions tirent partie de ces départs. Le ratio arrivants/départs est largement positif à Marseille (+8,2%), Montpellier (+7,8%) et Rennes (+7,2%), trois villes parmi les plus attrayantes de l'hexagone où l'accès à une offre culturelle et à des espaces verts ou au littoral constitue un critère majeur de motivation au changement. Cette mobilité des professionnels profite bien entendu à la campagne. Les acquisitions de maisons en zone rurale ont progressé de près de 7% en 2020, et enregistrent leur plus haut score depuis trente ans.