Durant ces huit dernières semaines, les projets immobiliers des Français ont été mis en pause. Les transactions comme les locations n'ont pu être menées à leur terme en raison du confinement et des restrictions de déplacement. Le 11 mai, la France s'est remise en route. Le marché immobilier revit avec une reprise notable des activités locatives et d'achat, mais la crise économique pourrait freiner durablement cette dynamique.
Les projets locatifs relancés
La recherche locative démarre sur un train soutenu. Le site Homepilot, agence en ligne de gestion locative et de mise en location, a enregistré, dès le lundi 11 mai, une hausse exceptionnelle de 47% des demandes de visites sur ses annonces de biens à louer par rapport au volume observé avant le confinement. Avant la mi-mars, la plateforme accueillait en moyenne 12 demandes de visites par jour et par logement. Le rythme de croisière est désormais de 15 demandes de visites par jour et par logement. Selon Gilles Bourcy, co-fondateur de la start-up, cette demande accrue est un simple effet de rattrapage des projets locatifs mis en suspens durant le confinement. Un autre chiffre témoigne d'un besoin évident de changement et d'une forte tension locative : chez Homepilot, le nombre de dossiers déposés par logement a augmenté de 27%.
Les Français souhaitent habiter dans un logement plus grand
La demande s'est focalisée sur les surfaces les plus grandes, appartements de type T2 et 73. Entre le 11 et le 18 mai, les requêtes de visites journalières ont bondi de 52% pour les T2 et de 65% pour les T3. Pour les studios, la demande a grossi de 27%. Rien de surprenant dans ces chiffres. Confrontés aux contraintes du confinement, les familles aspirent à des logements plus spacieux. Le télétravail et l'école à la maison, pratiqués dans les espaces exigus ou mal adaptés, ont révélé des envies ou pour certains la nécessité d'habiter dans un logement à la fois plus grand et plus confortable. On peut également supposer que la crainte d'une réitération de cette situation de confinement ait encouragé les demandes de location en faveur de surfaces plus généreuses.
Un Français sur 2 reprendrait son projet d'achat immobilier
Début avril, le site d'annonces immobilières SeLoger a interrogé un panel de futurs acquéreurs. La moitié d'entre eux se disaient prêts à reprendre leur projet immobilier à l'issue du confinement. 7 sondés sur 10 se déclaraient confiants quant à la concrétisation de leur projet dans les six prochains mois. Parmi ceux qui n'envisagent pas de remettre leur projet d'achat sur les rails dès la fin du confinement, 7% ont décidé d'attendre le mois de juin, 11% plutôt l'été, 17% viseraient septembre et 13% reportent à 2021. Seuls 2% des candidats à l'acquisition auraient abandonné leur dessein.
Crainte sur la capacité d'achat immobilier
Ces reports trouvent leur explication dans les inquiétudes partagées par une majorité de Français quant à la baisse de leurs revenus. Malgré les mesures de chômage partiel qui a permis de soutenir les salariés durant cette crise sanitaire, le risque est bien réel d'une faillite massive des entreprises dans les semaines et les mois à venir. Le marché immobilier est corrélé à la capacité d'emprunt des ménages. Au-delà des potentielles difficultés financières qui oblitèrent tout désir d'acquisition, 40% ménages porteurs d'un projet immobilier craignent un durcissement des conditions d'octroi des financements bancaires. Toujours selon l'étude de SeLoger via son Observatoire du Moral Immobilier, une personne sur deux s'inquiète d'une remontée des taux d'intérêt des crédits immobiliers. Ces deux craintes sont désormais à l'épreuve du terrain, puisque les banques appliquent depuis janvier 2020 les strictes consignes des autorités de régulation en matière de distribution du crédit à l'habitat, et les taux d'emprunt ont légèrement augmenté ces dernières semaines.
Dernier enseignement de cette enquête SeLoger : 55% des futurs acquéreurs anticipent une baisse des prix de logements. La réalité les contredit malheureusement. Durant le confinement, les prix de l'immobilier ancien s'est non seulement maintenu mais il a progressé : entre 0% (Grenoble) et +31% (Strasbourg) entre avril 2019 et avril 2020 pour ce qui est des plus grandes villes, et en moyenne de 5,4% sur un an à fin mars à l'échelle nationale. La correction inévitable de la demande compte tenu du contexte économique tendu pourrait toutefois leur donner raison à court ou moyen terme.