La douche à l'italienne ou douche de plain-pied devra très bientôt être généralisée dans les salles d'eau des logements neufs. Cette mesure en faveur d'une meilleure accessibilité se mettra en place progressivement à compter de juillet 2020. Les associations de personnes handicapées s'en félicitent, mais les plombiers sont moins emballés en raison des contraintes techniques et d'étanchéité.
Rendre les logements plus accessibles
Installation en vogue dans les logements chics et stylés, la douche à l'italienne est en passe de devenir une norme. À partir de 2020, les salles de bain des bâtiments d'habitations collectifs neufs devront être équipées de douches à l'italienne, c'est-à-dire sans marche, ni bac, ni porte, de plain-pied à même le sol. Pour comprendre cette nouvelle obligation, il faut revenir en arrière.
En octobre 2018, l'Assemblée Nationale a mis fin au "100% accessible" pour n'exiger que 20% de parts de logements neufs accessibles aux personnes à mobilité réduite, les 80% restants se contentant d'être évolutifs, c'est-à-dire que leur mise en accessibilité pourra être réalisable ultérieurement par des travaux simples. Des pourcentages qui avaient d'ailleurs donné lieu à des marchandages au sein du Parlement. Avant cette décision, tous les logements situés en rez-de-chaussée d'un immeuble neuf sans ascenseur devaient être accessibles aux personnes en fauteuil roulant. Pour les associations d'handicapés et de personnes âgées, c'est la douche froide ! Elles dénoncent une "grave régression sociale". Le Défenseur des Droits et le Conseil de l'Europe estiment même que cette décision porte atteinte aux droits des personnes handicapées. Ce quota de 20% est contraire au principe d'accessibilité universelle consacrée par la convention internationale des personnes handicapées et à la liberté de ces personnes de pouvoir choisir leur logement sur une base d'égalité avec les autres. Voilà donc le gouvernement au pied du mur, sommé de rectifier le tir, d'où cette obligation d'installation de douche de plain-pied dans les nouvelles constructions.
Cette mesure se mettra en place en deux étapes. À partir de juillet 2020, elle s'appliquera aux logements collectifs situés en rez-de-chaussée, et à compter de juillet 2021 à ceux situés dans les immeubles à étages desservis par ascenseur. Les maisons individuelles sous contrat CCMI (contrat de construction de maison individuelle) et les immeubles collectifs sans ascenseur de deux étages ou moins ne sont pas concernés. Les particuliers qui achèteront un appartement neuf pourront toujours demander la pose d'une baignoire en lieu et place de la douche réglementaire, mais le logement devra toujours avoir la possibilité d'adapter une douche à l'italienne, et pour cela, prévoir un siphon de sol. Le texte devrait paraître dans quelques semaines au Journal Officiel comme l'a confirmé le gouvernement le 11 février dernier.
L'étanchéité, le maillon faible de la douche à l'italienne
Pourquoi parle-t-on de douche à l'italienne ? Elle tient son nom des douches romaines dont elle conserve la caractéristique : un sol légèrement en pente pour que l'eau s'écoule. De son nom technique "zéro ressaut", la douche à l'italienne est un casse-tête pour les plombiers. Elle impose des contraintes techniques que n'ont pas la douche conventionnelle et la baignoire. Le siphon de sol doit être inséré dans une chape de béton de 7 à 10 cm sur l'ensemble de la surface, ce qui engendre une surcharge obligeant le constructeur à renforcer la structure. Cela risque de générer un surcoût important dont n'avait pas besoin l'immobilier neuf déjà 20% à 30% plus cher que l'ancien. L'installation d'une douche de plain-pied oblige également à prévoir une étanchéité sur toute la surface de la salle de bain, et une étanchéité partielle sur les murs.
L'aspect assurantiel est aussi en jeu. Les désordres liés aux équipements sanitaires représentent désormais 6% des malfaçons contre 1% jusqu'en 2005, phénomène que les experts expliquent par la généralisation des douches à l'italienne, accusées de défauts d'étanchéité aux liaisons avec les parois. La Fédération Française du Bâtiment (FFB) prédit d'ores et déjà une augmentation des sinistres (dégâts des eaux) compte tenu des erreurs de conception, de l'utilisation de matériaux mal appropriés et de défaut d'entretien.