Les barèmes bancaires reçus des courtiers montrent une légère hausse des taux d'intérêt des crédits immobiliers en ce début février. Pas de panique, car le niveau reste très attractif, mais cet ajustement rend compte du contexte monétaire chahuté par la remontée de l'inflation et des taux obligataires. On peut toutefois compter sur les banques pour maintenir leur politique offensive à l'approche du printemps, période bénie pour les acquisitions immobilières.
Légère remontée des taux en février
Les taux d'emprunt des crédits immobiliers n'ont pas cessé de refluer en 2021, de manière modérée mais certaine, enchaînant les records à la baisse. De 1,18% au quatrième trimestre 2020 (hors assurance et coût des sûretés), le taux moyen toutes durées confondues est descendu à 1,05% au dernier trimestre 2021 (données Observatoire Crédit Logement). Jamais les taux n'avaient été aussi faibles, facilitant l'accès au crédit au plus grand nombre, malgré un resserrement des conditions d'octroi sous la pression du régulateur financier.
Janvier 2022 s'est inscrit sur cette lancée et a affiché une franche stabilité. Février enclenche un changement de braquet. Les premières grilles de taux reçus par les courtiers font état de hausses généralisées, un phénomène marginalisé à quelques enseignes bancaires les mois précédents.
"La faute à la remontée de l'OAT 10 ans", le taux auquel l'État français emprunte sur 10 ans auprès des investisseurs. Il détermine aussi le taux auquel les banques s'endettent à long terme sur le marché interbancaire et influe, par capillarité, sur le loyer de l'argent des ménages, notamment en matière de crédit immobilier. Le rendement de l'OAT 10 ans est passé de 0,20% début janvier à plus de 0,40% le 1er février, alors qu'il était figé en territoire négatif tout au long de l'année 2021. Les établissements de crédit intègrent cette évolution et ajustent leurs barèmes entre 10 et 15 points de base.
Si les taux bas sont encore d'actualité, il ne fait aucun doute qu'ils ont désormais pour vocation de repartir à la hausse. Février n'est que le prologue d'une tendance qui risque de durer.
Des taux toujours attractifs sur fond de durée en hausse
Malgré cette progression sensible, les taux restent hyper propices à l'achat immobilier. Il est toujours possible de s'endetter sous la barre de 1% sur 20 ans, même si le taux moyen sur cette maturité est autour de 1,30%. Sur 15 ans, le taux du marché titre 1,10% et sur 25 ans, durée maximale autorisée, on emprunte autour de 1,50% en moyenne. Aujourd'hui les taux d'emprunt sont très nettement inférieurs à l'inflation qui a été mesurée à 2,9% en janvier sur un an, harmonisée à 3,3% sur un an selon la norme européenne. Cela signifie qu'on peut s'endetter aujourd'hui à moindre coût, même en ajoutant tous les frais liés à l'obtention du crédit (assurance, garantie, honoraires de courtage).
Les écarts entre les dossiers premium et les candidats moins performants restent néanmoins significatifs des différences de traitement selon les profils. Si vous avez des revenus confortables et un apport personnel au moins équivalent à 20% de l'opération, vous pouvez décrocher le meilleur taux d'emprunt. Sans épargne ou avec un faible apport, et en poche des revenus modestes, vous écopez des taux les plus élevés. Ce qui vous oblige à vous endetter sur les durées les plus longues, 25 ans au plus conformément à la réglementation.
Selon l'Observatoire Crédit Logement, la durée moyenne d'emprunt s'est établie à 237 mois au quatrième trimestre 2021, soit 9 mois additionnels depuis décembre 2019. Jamais cette durée n'a été aussi élevée par le passé. De 13,6 ans en 2001 (163 mois), elle est grimpée à près de 20 ans. L'allongement de la durée moyenne permet de compenser la hausse des prix des logements en maintenant le taux d'effort sous le seuil des 35%.
Pour rappel, le taux d'endettement inclut l'assurance emprunteur. La norme imposée par le Haut Conseil de Sécurité Financière interdit désormais aux banques de faire l'impasse sur cette dépense pour calculer le taux d'endettement. Pour minimiser le poids de l'assurance dans le coût global de votre prêt immobilier, déléguez le contrat. En comparant les offres grâce à Magnolia.fr, vous pouvez diviser par deux voire par trois le tarif de l'assurance, en conservant les garanties au moins équivalentes à celles du contrat proposé par la banque.
Quelle évolution en 2022 ?
La progression de l'inflation est suivie de près par tous les économistes. La France se distingue de ses collègues européens avec un taux inférieur à la moyenne de la zone euro (5%). La Banque Centrale Européenne table sur une stabilisation de l'inflation en 2022, les prix de l'énergie ayant atteint leur niveau le plus haut. Une baisse graduelle est même attendue en cours d'année selon les prévisions de l'institution.
La hausse de l'inflation est préjudiciable au pouvoir d'achat des ménages, raison pour laquelle les banques vont continuer de maintenir des conditions favorables à l'emprunt immobilier. Leur objectifs de production pour 2022 sont ambitieux, car calqués sur les chiffres de l'année 2021, millésime record avec 273 milliards d'euros de financements distribués pour quelque 1,2 million de transactions dans l'ancien. Les établissements de crédit auront à cœur de favoriser l'accès à l'emprunt, créant un climat de vive concurrence.