Vous avez un projet immobilier et vous n’êtes pas employé en CDI ? Vous partez avec un handicap sérieux, mais les banques ne ferment pas systématiquement la porte aux emprunteurs en CDD et aux TNS, ni même aux intérimaires. L’année 2024 a démarré avec une baisse des taux d’intérêts et la volonté des banques de redynamiser un marché immobilier sinistré. Voici les conseils pour réussir à décrocher un prêt immobilier sans CDI.
Stabilité des revenus : condition n°1 pour un crédit immobilier sans CDI
Disposer de revenus stables est une qualité essentielle pour obtenir un crédit immobilier pour plusieurs raisons :
- Sécurité financière du prêteur : Les banques et institutions financières veulent s'assurer que l'emprunteur pourra rembourser le prêt sur toute sa durée. Des revenus stables indiquent une capacité continue à honorer les échéances.
- Évaluation du risque de défaut : Les prêteurs évaluent le risque que représente chaque emprunteur. Des revenus réguliers réduisent le risque de non-paiement, car ils montrent une source de revenus fiable pour couvrir les paiements mensuels du prêt.
- Capacité de remboursement : La stabilité des revenus permet de déterminer plus précisément la capacité de l'emprunteur à rembourser le prêt. Les institutions financières préfèrent les candidats dont les revenus ne fluctuent pas, car cela permet de prévoir avec plus de certitude leur solvabilité.
- Meilleures conditions de prêt : Les emprunteurs avec des revenus stables sont souvent éligibles à des taux d'intérêt plus bas et à de meilleures conditions de prêt. Les prêteurs perçoivent moins de risques, ce qui peut se traduire par des offres plus avantageuses.
- Confiance de l'emprunteur : Une stabilité financière procure à l'emprunteur une tranquillité d'esprit. Cela réduit le stress pécuniaire et permet de se concentrer sur la gestion d'autres aspects à financer, comme d’éventuels travaux de rénovation du logement convoité.
Avec un CDI (Contrat à Durée indéterminée), la régularité des revenus ne fait pas débat, contrairement aux salariés en CDD (Contrat Durée Déterminée), aux intérimaires et aux statuts non salariés (indépendant, saisonnier, chef d’entreprise, auto-entrepreneur) où l’emploi, s’il n’est pas précaire, comporte une forte incertitude quant à la pérennité des revenus.
Pour obtenir un crédit immobilier sans CDI, les banques exigent généralement plusieurs années d'ancienneté professionnelle pour évaluer la stabilité financière de l'emprunteur. Voici les critères typiques :
- Ancienneté minimale : En général, les banques demandent au moins 3 ans d'ancienneté professionnelle. Cela peut aller jusqu’à 5 ans pour les travailleurs indépendants. Cette durée démontre une certaine stabilité et une capacité à générer des revenus réguliers, même sans CDI.
- Revenus stables et réguliers : Les banques se concentrent sur la régularité des revenus. Elles veulent s'assurer que l'emprunteur a une source de revenus constante, même s'il est en CDD, freelance, intérimaire ou auto-entrepreneur.
- Situation financière globale : Les banques évaluent également la gestion financière de l'emprunteur, notamment l'absence de découverts bancaires fréquents et une bonne gestion de ses finances.
- Secteur d'activité : Certains secteurs d'activité sont perçus comme plus stables que d'autres, comme l’informatique et la technologie. Avoir une ancienneté dans un secteur stable peut jouer en faveur de l'emprunteur.
Les banques considèrent les emprunteurs sans CDI pour des profils plus risqués, raison pour laquelle elles ont tendance à augmenter le taux d’intérêts.
Booster l’apport personnel
L’apport personnel n’est pas réglementé, contrairement au taux d’endettement (max. 35% des revenus nets, assurance emprunteur comprise) et à la durée de remboursement (max. 25 ans) conformément aux normes du Haut Conseil de Stabilité Financière. Il est laissé à l’appréciation de la banque.
Lorsqu’on emprunte, l’apport personnel joue un rôle central, d’autant plus en l’absence d’un CDI :
- Il rassure le prêteur : Un apport important démontre la capacité de l'emprunteur à épargner, ce qui rassure les banques sur sa gestion financière.
- Il permet de réduire le risque : En investissant une somme initiale significative, l'emprunteur diminue le montant total du prêt, réduisant ainsi le risque pour la banque.
- Il permet d’améliorer les conditions de prêt : Un apport personnel élevé peut permettre d'obtenir des conditions de prêt plus favorables, comme des taux d'intérêt plus bas.
- Il renforce la confiance : Cela montre l'engagement et la responsabilité de l'emprunteur envers son projet immobilier.
Un apport personnel d’un montant de 10% de l'opération est un minimum pour couvrir les frais d’acquisition (frais de notaire), les frais de dossier et le coût des garanties.
Compte tenu de la hausse des taux d’intérêts entre début 2022 et fin 2023, l’exigence des banques en la matière s’est nettement renforcée : il est recommandé de mettre sur la table entre 20% et 30% du prix du bien en 2024 étant donné les incertitudes persistantes du marché immobilier.
Il est possible de booster son apport personnel grâce à la famille : un parent peut faire un don exonéré d’impôt à son enfant jusqu’à 100 000€ tous les 15 ans.
En l’absence d’apport suffisant, la banque pourra accorder un montant inférieur au prix d’achat.
Détenir une épargne de précaution
Autre exigence des banques, la présence d’une épargne de précaution. Il s’agit de ne pas mettre toute son épargne dans l’apport personnel et de garder une poire pour la soif. Cette épargne résiduelle permet à l’emprunteur de continuer à rembourser le prêt même en cas de période de chômage ou de baisse d'activité, réduisant ainsi le risque de défaut de paiement.
Les banques voient l'épargne de précaution comme un signe de bonne gestion financière et de prévoyance, ce qui peut pallier l'absence de CDI. Elle offre par ailleurs à l’emprunteur une tranquillité d'esprit, permettant de mieux gérer les finances et de se concentrer sur la réalisation du projet immobilier sans stress excessif.
Les banques peuvent réclamer jusqu’à 6 mensualités au titre d’épargne résiduelle.
Avoir un co-emprunteur en CDI
Certaines banques ont pour consigne d’associer systématiquement un emprunteur en CDD ou un TNS à un co-emprunteur en CDI pour les mêmes raisons évoquées plus haut : stabilité des revenus, équilibre financier, réduction du risque, sans compter la possibilité d’accéder à de meilleures conditions de crédit.
En cas d’emprunt en couple, la question de la quotité d’assurance de prêt immobilier va inévitablement se poser.
Dans le cadre d’un crédit en solo, l’assurance emprunteur couvre la totalité de la somme prêtée. Si le prêt est contracté par deux personnes, les quotités sur chaque tête peuvent être inférieures à 100%, tant que leur addition couvre l’intégralité du montant emprunté. Chacun peut ainsi opter pour une couverture minimale de 50%. Quand il existe un écart important de revenus au sein du couple ou que l’un des deux n’a pas de CDI, il est recommandé d’affecter la quotité la plus élevée à celui qui affiche la meilleure sécurité financière.
Ne pas disposer de CDI n’est pas rédhibitoire pour décrocher un prêt immobilier. Certes, l’obstacle est réel. Mais comme la demande tarde à se redresser significativement en 2024, les banques s’attardent davantage sur les profils atypiques pour espérer accorder plus de crédits qu’en 2023. L’expertise d’un courtier est un formidable levier pour mettre toutes les chances de son côté et frapper à la bonne porte.