Les chiffres sont éloquents quant à la paralysie du marché immobilier provoquée par l'épidémie de Covid-19 : le volume des avant-contrats déposés chez les notaires de l'Île-de-France s'est contracté de 90% pendant la période de confinement. Ce qui n'empêche pas les prix des logements d'être toujours orientés à la hausse.
Blocage des avant-contrats et des actes authentiques
Relayées par BFM Immo, les dernières données des Notaires du Grand Paris témoignent si besoin est d'un coup de frein brutal des transactions immobilières depuis la mise en place de mesures de confinement le 17 mars dernier. Au cours du mois passé, le volume des compromis et promesses de vente reçus et signés chaque semaine pour la région Île-de-France a perdu 90% par rapport à l'activité observée depuis janvier 2020. Cette comparaison semaine après semaine illustre avec force l'impact du confinement sur les projets immobiliers des Français. C'est toute la chaîne de l'immobilier qui souffre de cet arrêt nécessaire pour endiguer la crise sanitaire, de l'examen des demandes de prêt jusqu'à la signature des actes authentiques de vente. Pour les projets en cours, la fermeture des offices des notaires au public depuis la mi-mars a considérablement ralenti le bon déroulement des transactions. Le volume des actes de ventes a plongé de 80%. Quelques projets ont donc pu être régularisés et menés à leur terme grâce à l'autorisation de la signature électronique à distance par le décret du 4 avril 2020.
Un marché dynamique avant la crise sanitaire
Avant cet arrêt violent du marché immobilier, les affaires tournaient plutôt bien en Île-de-France (IdF). Selon les Notaires, 38 800 transactions avaient été enregistrées dans la région entre décembre 2019 et février 2020, soit un niveau à peine inférieur à celui constaté pour la même période un an plus tôt (-2%). Le marché des maisons cède 4%, tandis que les ventes d'appartements se sont repliées de 1%. Comparé à la moyenne des dix dernières années, le volume des ventes reste supérieur de 7%.
Prix en hausse en Île-de-France
En attendant les prochaines statistiques de ventes des Notaires pour la région IdF sur le premier trimestre 2020, les prix des logements vendus en février 2020 montraient une augmentation annuelle de près de 5% dans l'ancien. La hausse est plus marquée pour les appartements (+6,4%) que pour les maisons (+1,5%). Le chiffre qui fait toujours sensation est celui du mètre carré parisien : il culmine désormais à 10 370€, soit une progression de 7,3% sur un an. Faut-il anticiper une érosion des prix immobiliers en IdF avec la crise sanitaire ?
Sur la base des rares avant-contrats signés durant la deuxième quinzaine de mars, les notaires prévoient une "prolongation des tendances observées en 2019", avec un prix du mètre carré dans la capitale autour de 10 700€ pour juin 2020, ce qui porterait la hausse à 8% sur douze mois. Ils pronostiquent également une forte inflation des appartements en Petite-Couronne (+6,7%) et en Grande-Couronne (+6%), tout en faisant preuve de la plus grande prudence quant à une poursuite éventuelle de ce mouvement haussier durant l'été et jusqu'à la fin de l'année 2020.
Si les affres du confinement ont réveillé chez certains des envies de maisons avec jardin, les prix pour ce type d'habitat pourraient s'apprécier et faire le jeu des vendeurs. La reprise de la demande est cependant conditionnée au pouvoir d'achat des ménages, indépendamment de l'appétit toujours vif pour la pierre. La contraction radicale du marché immobilier invite à la plus grande circonspection quant à une hausse future des prix. Selon les notaires, si le taux de transformation des avant-contrats en actes définitifs se maintient, le marché immobilier aura alors été résilient face aux bouleversements économiques et financiers consécutifs à la crise sanitaire.