Jamais les Français n'ont autant épargné ! Le premier confinement du printemps avait incité les ménages à thésauriser, le second devrait provoquer la même réaction si l'on en croit un sondage Odoxa, ce qui n'évitera pas à certains de se retrouver en difficultés financières. L'interrogation porte également sur la retraite, un sujet de préoccupation majeur pour les Français alors que la réforme des retraites piétine.
Un bas de laine de 100 milliards !
Selon l'Insee en 2020, les Français auront épargné 20,3% de leur revenu disponible, soit 5,4 points supplémentaires par rapport à 2019 où le niveau déjà élevé traduisait une tendance lourde à la prudence. Depuis 1978, jamais les ménages n'avaient autant mis d'argent de côté. Les Français sont d'ordinaire de grands adeptes de l'épargne. Depuis 2013, le taux d'épargne tourne autour de 14%, mais il est monté à 15,2% en 2019 suite au mouvement des Gilets Jaunes.
Face à l'incertitude de la situation pandémique et à l'impossibilité de consommer pendant le confinement, les ménages français ont continué à alimenter leur bas de laine et davantage amassé par précaution. Selon l'Observatoire Français de Conjonctures Économiques (OFCE), 75 milliards d'euros n'auraient pas été dépensés depuis le début de la crise sanitaire dans notre pays. Le Cercle de l'Épargne évalue à 100 milliards d'euros d'épargne massive qui ne seront pas injectés dans l'économie en cette année 2020.
Depuis les premiers jours du confinement en mars dernier, on constate un gonflement inédit de l'épargne réglementé et des dépôts à vue, qui s'est achevé en septembre avec la rentrée et les dépenses contraintes de cette période. Dans son rapport annuel de l'épargne réglementée, la Banque de France a observé un surplus de collecte de 10 Md€ sur les livrets A et de 4 Md€ sur les LDDS sur les 8 premiers mois de l'année 2020, au détriment de l'assurance vie qui affiche une collective négative de 800 m€ en septembre.
Les dépôts mensuels sur les comptes courants et les livrets d'épargne ont néanmoins retrouvé leur rythme habituel d'avant le Covid avec la fin de l'été. Les flux mensuels avaient atteint 22 Md€ en mars, 27 Md€ en avril, puis se sont maintenus à une vingtaine de Md€ jusqu'en juillet. Avant la crise sanitaire, la moyenne mensuelle était de 6 Md€.
Épargner davantage avec le reconfinement
Magasins fermés, restrictions de déplacement, consommer est encore une fois réservé aux produits de première nécessité comme l'alimentation. Le réflexe d'épargne dicté par les circonstances au cours du printemps dernier devrait être de nouveau adopté par les ménages en novembre. L'ampleur de cette épargne forcée est conditionnée à la durée du confinement, alors qu'approchent les fêtes de fin d'année. Un sondage Odoxa réalisé en octobre dernier pour Aviva et relayé par le journal Les Échos révèle que 65% des Français souhaitent renforcer leur épargne dans les prochain mois, soit 5 points de plus en comparaison à septembre. Seuls 9% disent vouloir consommer davantage.
On dit la peur mauvaise conseillère, mais c'est bien elle qui est la première motivation des Français à épargner, tant pour leur situation personnelle (51%) que pour la situation économique nationale (44%). Près de 8 personnes sondées sur 10 envisagent de se tourner vers un placement sûr, contre 22% prêts à tenter un placement à risques pour décrocher un meilleur rendement. La sécurité est le critère le plus important dans le choix d'un support d'épargne, avant la disponibilité des fonds. Mais pour les 41% de Français dont la situation financière s'est dégradée depuis le début de l'épidémie, il n'est pas question d'épargner mais de trouver des solutions pour sortir de l'ornière et rééquilibrer son budget afin d'éviter le surendettement.
La peur d’une retraite insuffisante
L'enquête les interroge également sur la retraite. 69% des Français estiment que leur système actuel ne leur permettra pas de bénéficier d'une pension correcte. La réforme des retraites mise en suspens en raison de la crise sanitaire inciterait près de la moitié des Français à consolider leur épargne, plus volontiers sur un livret (27%) que sur un produit d'épargne de retraite complémentaire (14%) ou une assurance vie (13%). Des chiffres qui douche froidement le souhait du gouvernement de diriger l'épargne vers le tissu économique, notamment à travers les PEA (Plan d'Épargne en Actions) et les PER (Plan d'Épargne Retraite), deux produits que les ménages français jugent trop risqués et non disponibles à tout moment. Pour 43% des sondés, l'achat de la résidence principale reste la première solution pour bien préparer sa retraite.