Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les fausses rumeurs et autres théories du complot inondent le net. Une des dernières en date concerne le crédit immobilier et l'assurance emprunteur. Une internaute prétend que les personnes vaccinées anti-Covid pourraient voir leur bien immobilier saisi au prétexte que le contrat contiendrait une clause "expérimentations médicales". Faisons le point sur cette intox et sur la couverture prévue par les assurances de prêt dans ce contexte épidémique.
Vaccination anti-Covid et fausse clause
Dans une vidéo partagée sur le réseau TikTok le 3 juillet dernier, une femme prétend que votre bien immobilier acquis par un crédit immobilier peut être saisi par la banque en cas de vaccination contre la Covid-19 au motif que le contrat de prêt contiendrait une clause qui interdirait de prendre part à des expérimentations médicales. Selon elle, les vaccins étant "à l'état de test", les personnes détentrices d'un prêt immobilier risquent de voir leur logement confisqué si elles sont vaccinées ou vont se faire vacciner avec un des vaccins anti-Covid.
On laisse chacun libre de son opinion sur l'éventuel caractère expérimental de la vaccination anti-Covid, mais une chose est formelle : la clause "expérimentations médicales” n'existe pas dans les contrats de prêt ni dans les assurances de prêt immobilier. Interrogées par l'AFP (Agence France Presse), qui met un point d'honneur à vérifier toute information et à démentir toute intox via son site Factuel, la Fédération Bancaire Française (FBF) et la Fédération Française des Assureurs (FFA) affirment sans ambiguïté que la vaccination anti-Covid n'annule en aucun cas un contrat de prêt.
Une rumeur très similaire a déjà circulé comme une traînée de poudre sur les autres réseaux sociaux, annonçant que le bien immobilier appartenant à une personne décédée sous essai clinique ou lors d'expérimentation médicale pouvait être saisi par la banque, les héritiers du défunt perdant la propriété de ce bien. Ces lanceurs de fausses informations recommandent de lire les petites lignes en bas d'un contrat de prêt immobilier ou d'une assurance vie, qui indiqueraient la nullité du contrat en cas de décès suite à une expérimentation médicale, ce que serait, selon eux, la vaccination anti-Covid.
Pas d'exclusion relatives aux conséquences d'une vaccination
Rien de nouveau sous le soleil. Les intox existent depuis que l'information circule. La pandémie de Covid-19 n'a fait qu'exacerber la proportion de certains à vouloir attiser les peurs qu'elle engendre. Ces gens qui partagent ce type de contenus sont bien ignorants des modalités d'un contrat de prêt et des protections indispensables qui lui sont liées, a fortiori des contrôles visant à valider les vaccins.
Nulle part dans l'offre de prêt d'une banque n'est mentionné l'état de santé de l'emprunteur. Les clauses du contrat concernent uniquement les conditions d'emprunt (sommes prêtées, durée de remboursement, taux, garanties) et les échéances de remboursement. La saisie immobilière n'intervient qu'après défaut de paiement de l'emprunteur et mise en demeure adressée par la banque. Si la somme due n'est pas remboursée dans un délai de 8 jours, le juge peut décider la vente du bien immobilier (vente amiable ou forcée) dont le produit servira d'abord à payer le Trésor public, avant les autres créanciers dont la banque.
Deuxième grief à opposer à cette clause fantaisiste, les crédits immobiliers sont presque tous couverts par une assurance emprunteur qui prend le relais en cas de défaillance de l'assuré, hors défaut de paiement garanti par l'hypothèque ou la caution. Si l'emprunteur venait à décéder ou se retrouverait invalide ou en arrêt de travail suite à une maladie ou un accident, l'assurance rembourse tout ou partie des mensualités à hauteur des garanties et des quotités souscrites.
Non seulement l'assurance protège le titulaire mais aussi ses ayants droit (conjoint et enfants). En cas de décès, le capital restant dû est intégralement remboursé par l'assureur, le bien financé par le crédit passe dans la succession et reste la propriété de la famille.
Les très nombreux motifs d'exclusion de garantie des contrats d'assurance de prêt immobilier ne mentionnent jamais les conséquences d'une vaccination ni les essais médicaux, et le contexte inédit de virus Covid-19 ne fait pas exception. Vérification a été faite par le syndicat de l'Union des intermédiaires de crédit (UIC). Dès lors qu'un événement n'est pas précisément cité en exclusion dans les conditions générales, il est obligatoirement couvert.
Pour mémoire, les garanties d'une assurance de prêt immobilier bénéficient du principe d'irrévocabilité, signifiant que les conditions et les tarifs restent les mêmes quelle que soit l'évolution de la situation de l'emprunteur. Si son état de santé se détériore, non seulement il n'est pas tenu d'en informer son assureur, mais l'assurance entre en jeu selon les modalités initialement souscrites et sans hausse de cotisation. Un assuré qui a contracté le virus Covid-19 n'a pas à signaler sa maladie à son assureur. Il en est de même s’il est victime d’effets secondaires du vaccin anti-Covid. En cas d'arrêt de travail, la garantie ITT (Incapacité Temporaire et totale de Travail) est activée et rembourse les mensualités après application du délai de franchise.