Les Français sont moins nombreux à changer d’assurance emprunteur en 2024. Leur comportement évolue également : la résiliation intervient plus tardivement. Ce constat est fait par MetLife France qui, dans son baromètre assurance emprunteur 2024, observe une perte d’intérêt pour la loi Lemoine. Voici les principaux enseignements de cette enquête.
Loi Lemoine assurance emprunteur : un recours plus tardif
Via son baromètre annuel, l’assureur MetLife présente un panorama du marché de l’assurance emprunteur en pleine évolution. Dans son enquête menée auprès de 200 professionnels (courtiers en assurance et en crédit, agents généraux d’assurance), ce spécialiste de la prévoyance individuelle observe les tendances clefs et les mutations qui secouent le secteur.
L’assurance emprunteur, ce coût caché d’un crédit immobilier et pourtant indispensable à la protection de l’assuré et de sa banque, est victime de turbulences en lien avec la crise du marché immobilier et l’absence de visibilité de la loi Lemoine. Entrée en vigueur en 2022, cette loi est censée ouvrir grand la concurrence en donnant l’opportunité aux emprunteurs de changer d’assurance de prêt immobilier à tout moment et sans frais, sans attendre la date d’échéance qui faisait foi auparavant (lois Hamon et Bourquin). En optant pour une assurance externe, les emprunteurs peuvent réaliser des centaines voire des milliers d'euros d'économie sur leur prêt immobilier.
En 2024, l’effet loi Lemoine se tarit. Seuls 24% des professionnels interrogés observent une augmentation des résiliations, contre 57% en 2023. La couverture médiatique nourrie durant les mois qui ont suivi l’entrée en application de cette ultime réglementation en assurance de prêt avait boosté les demandes de changement. Le silence qui prévaut aujourd’hui nuit à ce dispositif qui permet à tous de payer son assurance crédit au juste prix.
Parmi les emprunteurs qui résilient, la substitution de contrat d’assurance intervient plus tard que l’an dernier :
- 48% ont résilié dans les 12 premiers mois qui suivent la signature de l’offre de prêt, contre 56% en 2023.
- 69% le font dans les 2 ans, contre 80% l’an dernier.
En revanche, la résiliation au-delà des 2 ans progresse : 28%, contre 21% en 2023. La démarche est toujours pertinente, même si elle est plus tardive, mais le gain est d’autant plus élevé que la substitution est menée au plus tôt après la conclusion du contrat. Le coût de l’assurance est en effet calculé sur le capital restant dû. Consultez notre baromètre du pouvoir d'achat immobilier d'octobre 2024 pour constater l'intérêt financier de changer d'assurance rapidement après la signature de l'offre de crédit.
Changement d’assurance emprunteur : les banques moins résistantes
La résistance des banques face à la résiliation de leurs clients est toujours réelle et reste en tête des freins à la substitution (65% contre 80% en 2023), mais force est de constater que les établissements de crédit lâchent un peu de lest :
- 31% des professionnels interrogés indiquent que les prêteurs sont moins réticents qu’auparavant (48% en 2023).
- 41% des courtiers remarquent que les banques abandonnent leur politique défensive (30% en 2023).
- 26% observent qu’elles s’alignent davantage sur les tarifs de la concurrence (21% en 2023).
Au-delà du comportement peu coopératif des banques quand il s’agit d’accorder le bénéfice de la délégation d’assurance de prêt, l’autre obstacle majeur constaté par les professionnels du secteur est la complexité des procédures de souscription (28%, contre 46% en 2023). Cette baisse profitable aux emprunteurs illustre la mise en œuvre d’une simplification et d’une digitalisation des démarches administratives, notamment en matière de formalités médicales.
43% des courtiers et agents d’assurance déplorent la faiblesse de la demande de changement de contrat, soit 8 points de plus qu’en 2023. La crise du marché de l’immobilier, qui entraîne de facto un net repli de la distribution de crédits à l’habitat, n’est sans doute pas étrangère au phénomène.
Un peu plus de la moitié des professionnels estiment que l’activité de résiliation d’assurance de prêt va se stabiliser, malgré une légère reprise des financements accordés ces dernières semaines. Il est grand temps de relancer la dynamique du changement d'assurance de prêt au bénéfice du pouvoir d'achat des ménages emprunteurs.